dimanche 10 décembre 2006

Visa! Visa! J'espère que vous l'acceptez?

12 juin 2006

Hé oui, la semaine dernière fut la première ronde de combats administratifs livrés corps et âmes à la vilaine bureaucratie canadienne. L’objectif ?
Permettre à quatre Sénégalais d’entrer au Canada pour une période de 6 mois afin qu’ils puissent travailler de concert avec nos programmeurs. Le moyen ?
L’obtention de visas de l’Ambassade canadienne à Dakar. Ha oui, pour ceux qui travaillent pour notre gouvernement, je vous conseille de détruire ce courriel rapidement pour éviter de perdre votre emploi. Et non, c’est pas nécessaire d’envoyer le SCRS à mes trousses.
Comme j’étais un peu craintif face à l’efficience du gouvernement de notre beau et grand pays, je poussais beaucoup ma firme et le client pour enclencher les demandes pour les visas. J’ai pu entamer les démarches il y a deux semaines, puisque mon boss m’avait fait parvenir le guide et le formulaire à remplir. De plus, après avoir regardé le site de l’Ambassade, j’ai pu constater que les demandes de visa étaient traitées en 48h, et que les frais de 75$ CAN devaient être payés cash sous l’équivalent CFA…et je constate également que le service des visas est ouvert seulement le lundi, mercredi et jeudi de 9h à 11h. Ça augure bien, me dis-je, vu qu’ils partent le 2 juillet mais en tant qu’ancien vérificateur je reste un peu sur mes gardes.
Le lundi de la semaine dernière étant férié, je vais à l’ambassade le mardi.
En arrivant à la porte, je vois que le service des visas est sensé être fermé. Merde. Tant pis, j’entre, et on me dit qu’il est ouvert. Ouf ! Je monte à l’étage et je m’assieds, car il n’y a personne au guichet. Vers 10h, le guichet ouvre mais on se fait dire que la personne n’est pas entrée. Je vais voir le guichetier, qui est un assistant local que j’ai déjà rencontré quelque fois. Je lui donne le dossier, et il me dit qu’il est incomplet. Il me donne une feuille indiquant tous les documents nécessaires (lettre d’invitation, 3 slips de paie, 3 relevés bancaires, attestation d’emploi, ordre de mission, etc.). Il me dit aussi que je dois payer les frais à la BICIS, une banque locale, et non à l’ambassade. Ok. Je retourne donc à la Direction des impôts et informe le coordonnateur national qu’on a besoin d’un ordre de mission, et qu’il faut l’avoir au PC vu que finalement, le délai d’obtention des visas est de 3 semaines. Et oui, l’Ambassade de Dakar n’émet plus de visas, mais envoie le tout à l’ambassade d’Abidjan, en Côte-d’ivoire (dont l’équipe est d’ailleurs au Mondial…corrélation ?). Le seul problème, c’est que faute de moyens leur site web n’est pas mis à jour, donc l’info qui s’y trouve ne vaut pas de la m…Enfin, sur l’heure du midi je me pointe à la banque et je fais la file pendant une heure afin de pouvoir payer les plus ou moins 300$ CAN nécessaires au traitement des demandes.
Je reçois l’ordre de mission de mes quatre protégés le jeudi soir grâce à un processus d’urgence qui permet d’obtenir la signature du Ministre délégué aux Finances et au budget rapidement. Je touche un mot pour l’attestation d’emploi, mais le coordonnateur me dit que l’ordre de mission prouve que les gens travaillent pour le Ministère. Ok. J’en profite également pour envoyer un courriel à l’attachée commercial de l’Ambassade que nous avons rencontré quelques semaines auparavant. Elle me donne un rendez-vous avec son assistant (qui est incidemment toujours le même gars) le vendredi matin, 9h.
Good.
Le vendredi, je me pointe donc à l’Ambassade pour rencontrer l’assistant en question. Il me reçoit, sympathique, et regarde le dossier d’un des quatre.
« C’est incomplet, me dit-il. Il manque l’attestation d’emploi et la fiche de composition familiale. ». La quoi ??? « Oui, on la remet avec les demandes de visa, surprenant que vous ne l’ayez pas. » On a pris les formulaires de demande sur le site web du Ministère des affaires étrangères…c’était pas là. Bref, je regarde le truc : ils demandent le nom de l’époux/épouse, des enfants, des parents/beaux-parents, des frères/sœurs/beaux-frères/belles-sœurs (et leur pédigree complet), la liste des emplois occupés durant les 10 dernières années…oh shit. Ça, ça va bien aller. « En passant, on ferme à 12h30 aujourd’hui vu que c’est vendredi ».
Qui a dit que la fonction publique n’était pas trop fatigante ?
Je retourne à la Direction, je fais photocopier la feuille (il m’en a donné une, et en anglais de surcroît ! C’est bien, dans un pays francophone) et la remet aux intéressés en leur disant qu’il faut que ce soit fait pour 11h. Il est 10h. Panique : ils ont entre 5 et 10 frères et sœurs, et autant de beaux-frères/belles-sœurs…est-ce que je m’attends à ce qu’ils connaissent leurs dates de naissance et leur adresse pour toute la gang ??? Hmm faites ce que vous pouvez, on a une heure pour arranger ça, sinon on bust le délai.
Évidemment, une réunion importante qui était sensée avoir lieu à 16h est soudainement remise à 11h (question de pas manque le match d’ouverture du Mundial…le DG est un grand fan apparemment). Heureusement, c’est mon collègue qui l’anime mais il aurait été bon que j’y sois. Enfin, j’espère toujours pouvoir y aller. Je demande qu’un chauffeur aille la porter. Hmmm, trop complexe d’attendre pour que l’assistant vienne la chercher et remette un reçu. Ok, j’y vais avec le chauffeur. Je descends et j’attends. Il est 11h30. Le chauffeur arrive pas, il y a trop de trafic. Tant pis, je me dis, j’y vais à pied ça va être plus rapide. J’arrive donc en sueur à l’Ambassade, 15 minutes plus tard pour remettre le tout à l’assistant. Cette fois, pas de remarques. Il me dit qu’il va intercéder en ma faveur, mais il n’est jamais certain que les gens obtiennent leur visa…Anyway, j’ai fait mon effort de guerre avec mes 3 visites en une semaine. Au moins, le gars en a profité pour me donner une invitation pour la fête du Canada, le 28 juin prochain. À voir le nombre de québécois ici, ça risque de fêter davantage la St-Jean…
La prochaine ronde de lutte administrative va se jouer avec le Ministère de l’intérieur sénégalais. Je dois demander une carte d’identité pour étrangers et une extension de mon visa, qui finit le 2 juillet. Bref, j’ai envie de faire un genre de Combat des clips, comme à Musique Plus, avec une poule bien roulée comme animatrice (parce qu’ici, il y a beaucoup de français et c’est comme ça qu’il faut le dire, no offence mesdames). Les deux pays étant exclus du Mundial, ça amuserait peut-être le monde.
Dimanche, mon collègue et moi sommes allés au Lac rose, qui tient son nom non pas d’un quelconque romantisme mais bien de sa couleur, qui est bel et bien rose à cause de microorganismes végétales. Le lac a une salinité de 380g de sel par litre, ce qui est autant que la mer morte. Intéressant. On s’y baigne et effectivement on flotte. Je peux m’asseoir en indien dans l’eau et je flotte. Fascinant. Apparemment le lac a 1,5 mètre d’eau et 1,5 mètre de sel cristallisé dans le fond. Un travail pour les sénégalais est d’aller chercher le sel en brisant les cristaux et en les ramenant sur la berge, où il est séché, iodé, mis en sac et expédié vers les autres pays de la sous-région. Tout est fait manuellement, à pic. Les femmes charrient le sel des pirogues jusqu’aux tas, à coup de 25kg sur la tête chaque fois. Un sac de 25kg est payé 300 CFA (à peu près 65-70 cennes canayennes). Ça fait pas des grosses payes. Enfin, en prenant une photo d’une dame plus pour l’encourager qu’autre chose (vu que ça s’est accompagné d’une donation équivalent à 75kg de sel), je me suis évidemment enfargé dans une pile de sel, sur laquelle je suis tombé et je me suis arraché la moitié de la jambe droite. Ok, ptet pas la moitié au complet…ok, c’était juste écorché…mais appliquez du sel sur une plaie à vif pour voir l’effet que ça fait. C’est pas super confort, je tiens à le dire ! Une chance que j’avais de l’eau de source pour laver un peu ma jambe…ça a brûlé pendant plus de 2h, le temps que je revienne à l’appart prendre une douche et tout désinfecter à l’alcool (hmmmm de l’alcool).
Je vous envoie une couple de photos. La première est une photo de mon assiette de Ndolé, qui ressemble beaucoup à la Sauce feuille (de Mboro-mboro), appelé communément d’la bouette par la communauté Sogema locale autant permanente que temporaire – c’est une demande spéciale de Mme G… Les autres sont des photos du lac rose. Je n’ai pas pris de photos de l’ambassade ni des demandes de visa.
En passant, j’ai reçu plusieurs courriels de support suite au boubou. Je tiens à dire que je vais vous répondre personnellement dès que je vais avoir Internet de l’appart. Pour l’instant, ça me prendrait trop de temps sur les heures de bureau et j’ai perdu pas mal de temps pour les visas. En théorie, je devrais l’avoir dès mercredi, mais bon ça fait déjà une semaine que ça brette…au moins, j’ai la première étape soit la ligne de téléphone.

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