samedi 11 août 2007

Si le Sénégal m'était conté, partie 3

Après St-Louis, la Mauritanie et le Sine Saloum, nous sommes enfin partis pour faire la dernière section de notre périple: le parc du Niokolo Koba et le pays Bassari.


Du Sine Saloum à Dindefello, puis retour sur Dakar


La route de Toubacouta jusqu'au Niokolo Koba s'est fait sans pépins, sauf évidemment lorsque le chauffeur du véhicule nous a annoncé après 6 heures de route: "Je ne voulais pas vous le dire trop vite mais on a des problèmes de freins...faudra arrêter pour réparer". Et pendant ce temps, Mme C. faisait des pressions subtiles pour obtenir un accès à Internet pour pouvoir prendre ses messagesl Bon, une fois dans un voyage de 3 semaines n'est pas coutume...

La réparation du véhicule a pris 45 minutes, tandis qu'Internet en a pris un autre 30...rien de très extravagant me direz-vous, sauf nous nous sommes vu interdire l'entrée au parc car nous étions 30 minutes trop tard...après de longues discutions houleuses, nous avons donc décidé de rebrousser chemin et d'aller à un campement à proximité du parc. Un charmant campement, où les animaux rôdent durant la nuit. J'ai même entendu un fort grognement à proximité de la case en plein milieu de la nuit. Chacal, hyène, hyppopotame, babouin ou gazelle assoiffée de sang? Nous ne le saurons jamais, sans doute.

Réparation du frein de notre rutilant 4x4

Le lendemain nous avons pu entrer dans le parc, non sans que l'un des habitants fassent tout un deal à Mlle C.: une location de jumelles pour 4000 par jour. Calcul rapide, nous restons 3 jours, donc 12 000...je ne m'obstine pas, je donne les 12000 FCFA et hop nous partons...mais là l'esprit roule et on se rend compte qu'on s'est autocouillonnés: 12000 FCFA c'est 25$. Nous allons non pas faire 3 jours mais 2 jours de safari...et en plus les jumelles sont un don d'un espagnol de passage dans le parc avant nous! J'ai quand même un peu honte de nous...je rigole bien de Mlle C, à qui on fait porter le chapeau et qui le prend vraiment, mais alors là vraiment personnel, puisque les jumelles sont pour elle.

L'hôtel au Niokolo Koba est charmant. Vue sur la rivière Gambie, piscine hors terre qui ressemble étrangement à une piscine creusée...bien, bien. Notre planning? Safari le matin, lunch repos, safari le soir (juste avant le coucher du soleil), le lendemain matin balade en pirogue, safari en après-midi et sortie du parc vers Kédougou, au Sénégal oriental. Les safaris du premier jour sont intéressants et on voit à satiété cerfs, gazelles, phacochères (proche des sangliers), antilopes, mangoustes, marsupilami, pintades et autre gracieux volatile...

Antilope-cheval se demandant foutrement pourquoi je le prends en photo

Un marsupilami, animal sanguinaire du Niokolo Koba, hurlant son terrible cri de chasse

Toutefois, ça se gâte un peu le midi quand on s'aperçoit que la piscine est vide - c'est la basse saison alors on est les seuls touristes dans l'hôtel, et le service est réduit. De plus, le lendemain matin on ne pourra pas faire le tour de pirogue, faute de piroguier...tant pis pour les hypopotames! On décide donc de quitter le lendemain matin au lieu du soir, pour pouvoir arriver plus tôt à Kédougou...ce qui fait que notre location de jumelle a duré une seule journée! Comment se faire arnaquer. Mlle C décide donc qu'elle a mal compris et qu'elle pense qu'il s'agit d'une location/achat...bien sûr. Évidemment, à la sortie du parc on se fait apostrophé, et une autre longue discussion s'ensuit sur comment arnaquer les touristes avec des jumelles (surtout qu'il y en avait à l'hôtel, gratuitement). Après avoir remis les jumelles, nous finissons par quitter pour Kédougou.

Rendu à Kédougou, petite soirée relaxe ponctuée d'une autre grosse discussion, cette fois avec le directeur de l'hôtel où nous résidons, qui ne veut pas fournir le repas à notre guide parce que nous ne somme que 4 et selon sa règle, il faut être 5 pour profiter de cet avantage...on quitte la table, on discute avec le directeur, on revient à table. 3 engueulages en 3 jours, ça fait beaucoup en vacances!
Le lendemain, nous quittons pour le pays Bassari...en fait, comme le temps des fêtes est passé et qu'il n'y a plus grand chose à voir en pays Bassari, nous avons modifié le programme pour aller au village bédik d'Iwol, perché sur une montagne et accessible uniquement à pied. Accessible, faut le dire vite, la randonnée est quand même assez ardue avec un dénivelé de 300 mètres sur une distance de 2 km. Ça a l'air de rien comme ça, mais par bout c'est quand même assez à pic.

Vue sur le pays Bassari, à mi-chemin vers le village d'Iwol

La population est très chaleureuse, nous faisons la visite du village. J'ai acheté un couteau artisanal (qui, je l'apprendrai à Dakar, était malheureusement infesté de termites...le couteau a donc été généreusement aspergé d'insecticide, puis placé dans le congélateur depuis ce temps. Comme il n'y a plus de bran de scie, je suppose que ça a été efficace). Le plus gros baobab de la région se trouve dans ce village et fait 23 mètres de circonférence. C'est pas petit!

Petite fille bédik devant du riz séchant au soleil

Village d'Iwol

Après Iwol, nous allons à la magnifique cascade de Dindefello, la seule du pays et qui doit bien faire une centaine de mètres, que la charmante Mlle C s'obstine à appeler la fontaine. La route de terre battue et de roches volcaniques est assez mauvaise, et les quelques 15 km prennent plus d'une heure à être parcourues...encore pire qu'au Rwanda! La cascade est vraiment jolie, mais malheureusement la saison des pluies étant alors à nos portes le débit est très faible...il est quand même fort agréable de s'autoflageller sous la chute, ça fait comme un violent massage.


Mon photogénique, mais malheureusement flou, pied droit

La cascade de Dindefello vue de dessous

Le soir, nous résidons au campement de Dindefello. Le camp est très sympathique. Nous avons de l'électricité grâce aux panneaux solaires qui rechargent des piles durant le jour. La principale utilité de cette électricité est évidemment d'alimenter l'unique télévision du village qui se trouve sur le campement, à l'heure de grande écoute (19h30) pour les télénovellas, ces soaps latinos mal traduits en français et qui pourraient concurrencer n'importe quoi que TQS nous jetterait à la figure à pareille heure.

Par la suite, ce fut un souper sous un toit sans murs que nous nous sommes prélassés et que nous avons discutés, en regardant une chauve-souris gober au vol quelques insectes volant autour d'une lumière. Nous avons aussi pu admirer un scorpion brun d'environ 3 cm de long qui végétait sous la chaise d'un des locaux. Pour le tuer, il a pris un bâton et l'a passé sur le scorpion, qui l'a évidemment attaqué et s'est retrouvé debout sur le bâton. Il l'a ensuite tué avec ce même bâton, comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire bébé phoque. Mais où était Brigitte Bardot, je vous le demande?

La nuit venue, nous allons nous coucher dans notre chambre, dotée de 2 lits. Le lit est essentiellement un sommier fait en bois, avec un mince matelas et un mince oreiller...pas de draps. Heureusement, un filet est installé au-dessus de chaque lit. Il y a également une petite fenêtre (nécessaire car les nuits sont chaudes) et une porte qui se barre de l'extérieur. Pour la refermer le soir, une roche permet de la retenir. L'utilité de la roche devient évidente durant la nuit lorsque, peinant à m'endormir dans ce luxe faste, j'entends un gros "Bam! Bam!" venant de la porte...hmmm qu'est-ce qui tente ainsi de pénétrer notre tanière? Un ours? Un lion? Une hyène? Rien de tout cela! Son cri inhumain l'a trahi quelques minutes plus tard! C'était une chèvre qui voulait venir rejoindre mon frère dans sa couche. Remarquez, elle ne fut pas seule puisque qu'une chauve-souris s'est subrepticement immiscée dans la chambre, par la fenêtre, pour y manger quelques mouches et repartir aussitôt.

Lit de camp dans la case du campement de Dindefello

Le lendemain nous avons grimpé la montagne pour pouvoir admirer la cascade de haut. La randonnée me semble déjà plus facile que la veille, quoiqu'elle a des séquences beaucoup plus à pic, presque verticales. La vue sur le Sénégal oriental est magnifique. En fait, c'est la région du pays qui me fait pensé aux Laurentides (avec une végétation tropicale et non boréale, évidemment). En chemin nous croisons un serpent, puis un scorpion noir défunt. Heureusement, ce dernier est apparemment léthal et est assez gros - son corps doit faire 10 cm, et sa queue également...


La cascade de Dindefello vue de dessus



Puis ce fut le départ pour Dakar, avec en chemin l'écrasement d'une vipère, un arrêt à Mbour d'abord pour acheter des djembés, puis chez le guide qui nous a accueilli pour le diner. Ainsi donc s'est achevé mes vacances en terre sénégalaise.

Depuis ce temps c'est le train-train quotidien:

  1. J'ai continué l'opération de destruction de l'appartement lorsque la mystérieuse Mlle C., faisant la sieste dans le salon pour plus de fraîcheur, avait mis la chaîne de sécurité sur la porte d'entrée. Sécurité my ass, comme on dit...quand je suis revenu du travail j'ai ouvert la porte sans appliquer beaucoup de pression, et le cadre de porte a arraché à moitié (l'autre moitié est restée sur place puisque le bout de bois s'est cassé à un certain endroit).

  2. J'ai hébergé une jeune trifluvienne en médecine, Dominique, qui faisait le même stage que mes deux amies de l'été précédent. Une jeune femme fort sympathique et avec qui j'ai eu bien du plaisir en allant à la plage ou en allant voir un spectacle en compagnie de 4 françaises supplémentaires. Malheureusement elle quitte dès samedi pour retourner à Montréal retrouver sa famille et son copain.

  3. J'ai commencé à prendre des cours de djembé 2 fois par semaine avec un griot sénégalais. Comme il n'y pas de partition ou de base écrite (je lui ai demandé une fois de m'écrire la séquence et il a écrit "ndélé det, té cicum"...ça aide beaucoup pour savoir à quelle vitesse et avec quelle main il faut frapper!

  4. J'ai réussi à m'embarrer encore une fois à l'extérieur de mon appartement, évidemment un jour ou Dominique était en stage en brousse...heureusement cette fois-ci la porte patio était ouverte, alors il a suffit d'attacher deux échelles bout à bout avec de la corde pour pouvoir remonter sur mon balcon.

P.S. Le Marsupilami est une gracieuseté de Franquin.