jeudi 27 septembre 2007

This is the end, my only friend, the end...

Hé oui, je suis à Dakar depuis maintenant 18 mois, et il ne me reste officiellement plus que 2 semaines à faire au Sénégal, puisque mon retour "définitif" est prévu pour le 13 septembre à 14h40 (15h40 si le retard normal de 1h sur ce vol d'Air France est respecté).

Nul besoin de vous dire à quel point j'ai hâte de revenir au bercail! Autant j'ai aimé mon expérience d'expatriation sur le terrain, autant j'ai trouvé les dernières semaines difficiles pour diverses raisons - ralentissement des travaux pour des raisons externes faisant en sorte que j'étais à peu près laissé à moi-même face au client depuis mon retour de vacances en juillet, mal du pays, chaleur excessive, absence de sushi...

Il y a évidemment la déception de ne pas avoir amené le projet où j'aurais voulu l'amener après 18 mois de lutte. C'est très difficile de motiver les troupes sur le terrain, surtout quand l'équipe est dissoute et non remplacée pendant cinq mois...et lorsqu'elle l'est, ton équipe est disponible uniquement s'ils ont du temps libre car les opérations quotidiennes prennent généralement le dessus sur les considérations stratégiques pouvant rapporter des dividendes à long terme. Enfin ce sont les aléas du travail en Afrique. Le client tente de me persuader de rester jusqu'aux fêtes, mais je suis à bout. J'ai besoin d'une pause. Certes le coq qui me réveille chaque matin 1h trop tôt va me manquer mais bon, je vais m'y faire.

De plus, comme c'est le Ramadan depuis deux semaines (et ça va finir le jour de mon départ en fait), les activités ici sont encore plus tranquilles. Il faut bien dire que le niveau d'énergie n'est pas à son meilleur en après-midi! Les musulmans ici poussent assez loin leur jeûne, puisqu'il ne mangent pas (classique) et ne boivent pas non plus, même pas d'eau, ce qui rend les choses très difficiles. Il faut bien le dire, le vendredi après 14h, soit l'heure de la grande prière, il n'y a plus grand monde au bureau.



Prière du vendredi bloquant une petite rue en entier...


...et la moitié d'une importante artère (imaginezla rue Sherbrooke à Montréal)

Bref, sur le plan professionnel je ne pourrai pas dire que j'ai manqué de défi ces derniers temps! Maintenant, je dois penser à fermer ce que j'ai ici - fin du bail, fin d'Internet, fin de ma quête incessante pour ma valise perdue en septembre 2006 par le professionnalisment de la Royal Air Maroc (d'ailleurs je pense faire un film intitulé Indiamadou Wade and The Raiders of the Lost Valise). Anyway, je vous ai raconté que depuis ce temps, deux autres personnes sont venues à Dakar avec la RAM, et ont tous deux perdus une valise? Les chanceux ont par contre réussi à les récupérer en quelques jours.

Pour le futur? Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire - continuer les missions dans les contrées les plus lointaines ou me trouver un job tranquille dans une manufacture de boîtes en carton ? Par contre, j'imagine que ça rendrait mon blog encore moins intéressant alors c'est un pensez-y bien!

Dans tous les cas je vais vouloir rester à Montréal quelques temps, probablement au moins jusqu'aux fêtes. Après je verrai. C'est pas facile une expatriation, le plus dur restant l'éloignement de ses proches (ce qui reste à mon avis paradoxal, s'éloigner de ses proches...ce faisant, se rapproche-t-on de nos éloignés? Rien n'est moins sûr). Bref, je vais devoir réfléchir à tout ça, surtout côté philosophique qui décidément semble me faire défaut. Disons que je suis loin des Grands comme Nietszche, Kierkegaard ou Patof.

Pour finir, je vous laisse sur une note cocasse. Vous vous rappelez il y a quelques mois, j'ai écrit sur une souris qui se promenait à côté de mon soulier pendant que le DG faisait une présentation sur l'importance de notre système informatique pour l'administration? Et bien, j'ai rencontré le nemesis de ladite souris! Et oui, je descendais tout bonnement les escaliers quand j'ai entendu un miaulement provenant d'un tas de papiers traînant sur le sol...je suis donc allé voir et quelle ne fut pas ma surprise de voir un tout petit minou criant sa famine caché là!


Antre du minou: des tas de feuilles plein de poussière dans un escalier
où j'ai rencontré Minou pour la première fois. Une expérience inoubliable.



Et voici Minou parti faire joujou avec 100 mètres de câble réseau qui traîne depuis au moins
6 mois dans le corridor, près de la salle de formation. Le câble est naturellement
jaune
et moins naturellement gris, quoiqu'un individu pointilleux pourrait
arguer que la poussière est plus naturelle qu'un câble réseau. Je l'emmerde.

Mon homologue sénégalais m'a dit que les chats se reproduisent et mettent bas dans l'immeuble, et ils les laissent là. Un peu plus tard, j'ai vu ce que je crois être son frère (ou sa soeur, je n'ai pas investigué outre mesure) et sa mère (même commentaire) dans un tas de débris sur le toit de l'édifice.


Proche du précédent Minou caché dans des débris sur le toit
et me regardant avec un air dubitatif


"Mais qu'est-ce que tu foutais sur le toit?" me direz-vous, attentifs à mes écrits. C'est simple, mon bureau est maintenant au 3e étage d'un nouvel édifice qui est en fait juxtaposé avec l'ancien. Il n'y a que trois entrées à l'édifice: un au rez-de-chaussée, donnant sur le garage et presque pas utilisée, une au premier et une sur le toit (ce qui serait le 4e étage s'il s'agissait d'un étage. Comme je fais couramment la navette avec le 4e étage de l'ancien édifice et mon bureau, il est plus simple de monter sur le toit, descendre au 3e de l'ancien édifice, marcher toute la longueur de l'édifice et remonter au 4e étage de l'ancien édifice pour revenir sur mes pas (mais un étage plus haut) pour aller à la salle de conférence qui est en fait proche de l'entrée de l'escalier menant du toit de l'ancien édifice au 3e étage.

Vous comprendrez donc aisément que le 4e étage de l'ancien édifice ne couvre que partiellement l'ancien édifice, et qu'une portion de la zone qui devrait normalement être occupé par le 4e étage est en fait le toit (juxtant le nouvel édifice). Évidemment, rien n'est parfait (lol) alors il y a quand même un dénivelé d'environ 1 mètre entre le toit de l'ancien édifice et celui du nouvel édifice, qui est plus élevé. On a évidemment tout prévu en laissant un bloc de ciment pour faire une marche étroite et ainsi permettre le passage des paresseux qui préfèrent passer dehors sous le soleil brûlant (ou la rare pluie torrentielle) pour changer d'édifice.



Toit vu du nouvel édifice. Vous remarquerez le chemin laissé non goudronné
exprèssément pour les paresseux comme moi. La zone goudronnée est surélevée.


Anyway, je vous entends déjà me demander, d'un air blasé et feignant l'intérêt de la plus belle manière, "Oui oui oui, passionnant mais la ferme avec ton building, mais encore, les minous?"

Et bien, les minous pullulent à Dakar. On en trouve partout, mais surtout dans les poubelles et les ruelles. Il y a énormément d'animaux abandonnés à Dakar : des chiens, des chats, des pigeons, des coquerelles... Je voudrais donc joindre ma voix à la strip-teaseuse américaine pour faire la promotion du contrôle des naissance animales. D'ailleurs, je songe fortement à l'imiter et me faire poser en corset et jarretelles pour renforcer le message, genre "Vous ne voudriez tout de même pas que de tels spécimens se reproduisent?"


La morale de cette histoire est que l'expatriation, c'est une belle expérience, mais l'abus peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des expatriés.

À bientôt!

P.S. Pour ceux qui ne lisent jamais les commentaires et qui ratent parfois de belles perles, je vous suggère d'aller voir le blog de Napoléon qui, ayant suivi mes vacances, a posté son propre blog anti-Mamadou. Je vous donne la page la plus ancienne chronologiquement (y en a que 3, malheureusement):

Délicieux, comme dirait un autre Minou.