jeudi 27 septembre 2007

This is the end, my only friend, the end...

Hé oui, je suis à Dakar depuis maintenant 18 mois, et il ne me reste officiellement plus que 2 semaines à faire au Sénégal, puisque mon retour "définitif" est prévu pour le 13 septembre à 14h40 (15h40 si le retard normal de 1h sur ce vol d'Air France est respecté).

Nul besoin de vous dire à quel point j'ai hâte de revenir au bercail! Autant j'ai aimé mon expérience d'expatriation sur le terrain, autant j'ai trouvé les dernières semaines difficiles pour diverses raisons - ralentissement des travaux pour des raisons externes faisant en sorte que j'étais à peu près laissé à moi-même face au client depuis mon retour de vacances en juillet, mal du pays, chaleur excessive, absence de sushi...

Il y a évidemment la déception de ne pas avoir amené le projet où j'aurais voulu l'amener après 18 mois de lutte. C'est très difficile de motiver les troupes sur le terrain, surtout quand l'équipe est dissoute et non remplacée pendant cinq mois...et lorsqu'elle l'est, ton équipe est disponible uniquement s'ils ont du temps libre car les opérations quotidiennes prennent généralement le dessus sur les considérations stratégiques pouvant rapporter des dividendes à long terme. Enfin ce sont les aléas du travail en Afrique. Le client tente de me persuader de rester jusqu'aux fêtes, mais je suis à bout. J'ai besoin d'une pause. Certes le coq qui me réveille chaque matin 1h trop tôt va me manquer mais bon, je vais m'y faire.

De plus, comme c'est le Ramadan depuis deux semaines (et ça va finir le jour de mon départ en fait), les activités ici sont encore plus tranquilles. Il faut bien dire que le niveau d'énergie n'est pas à son meilleur en après-midi! Les musulmans ici poussent assez loin leur jeûne, puisqu'il ne mangent pas (classique) et ne boivent pas non plus, même pas d'eau, ce qui rend les choses très difficiles. Il faut bien le dire, le vendredi après 14h, soit l'heure de la grande prière, il n'y a plus grand monde au bureau.



Prière du vendredi bloquant une petite rue en entier...


...et la moitié d'une importante artère (imaginezla rue Sherbrooke à Montréal)

Bref, sur le plan professionnel je ne pourrai pas dire que j'ai manqué de défi ces derniers temps! Maintenant, je dois penser à fermer ce que j'ai ici - fin du bail, fin d'Internet, fin de ma quête incessante pour ma valise perdue en septembre 2006 par le professionnalisment de la Royal Air Maroc (d'ailleurs je pense faire un film intitulé Indiamadou Wade and The Raiders of the Lost Valise). Anyway, je vous ai raconté que depuis ce temps, deux autres personnes sont venues à Dakar avec la RAM, et ont tous deux perdus une valise? Les chanceux ont par contre réussi à les récupérer en quelques jours.

Pour le futur? Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire - continuer les missions dans les contrées les plus lointaines ou me trouver un job tranquille dans une manufacture de boîtes en carton ? Par contre, j'imagine que ça rendrait mon blog encore moins intéressant alors c'est un pensez-y bien!

Dans tous les cas je vais vouloir rester à Montréal quelques temps, probablement au moins jusqu'aux fêtes. Après je verrai. C'est pas facile une expatriation, le plus dur restant l'éloignement de ses proches (ce qui reste à mon avis paradoxal, s'éloigner de ses proches...ce faisant, se rapproche-t-on de nos éloignés? Rien n'est moins sûr). Bref, je vais devoir réfléchir à tout ça, surtout côté philosophique qui décidément semble me faire défaut. Disons que je suis loin des Grands comme Nietszche, Kierkegaard ou Patof.

Pour finir, je vous laisse sur une note cocasse. Vous vous rappelez il y a quelques mois, j'ai écrit sur une souris qui se promenait à côté de mon soulier pendant que le DG faisait une présentation sur l'importance de notre système informatique pour l'administration? Et bien, j'ai rencontré le nemesis de ladite souris! Et oui, je descendais tout bonnement les escaliers quand j'ai entendu un miaulement provenant d'un tas de papiers traînant sur le sol...je suis donc allé voir et quelle ne fut pas ma surprise de voir un tout petit minou criant sa famine caché là!


Antre du minou: des tas de feuilles plein de poussière dans un escalier
où j'ai rencontré Minou pour la première fois. Une expérience inoubliable.



Et voici Minou parti faire joujou avec 100 mètres de câble réseau qui traîne depuis au moins
6 mois dans le corridor, près de la salle de formation. Le câble est naturellement
jaune
et moins naturellement gris, quoiqu'un individu pointilleux pourrait
arguer que la poussière est plus naturelle qu'un câble réseau. Je l'emmerde.

Mon homologue sénégalais m'a dit que les chats se reproduisent et mettent bas dans l'immeuble, et ils les laissent là. Un peu plus tard, j'ai vu ce que je crois être son frère (ou sa soeur, je n'ai pas investigué outre mesure) et sa mère (même commentaire) dans un tas de débris sur le toit de l'édifice.


Proche du précédent Minou caché dans des débris sur le toit
et me regardant avec un air dubitatif


"Mais qu'est-ce que tu foutais sur le toit?" me direz-vous, attentifs à mes écrits. C'est simple, mon bureau est maintenant au 3e étage d'un nouvel édifice qui est en fait juxtaposé avec l'ancien. Il n'y a que trois entrées à l'édifice: un au rez-de-chaussée, donnant sur le garage et presque pas utilisée, une au premier et une sur le toit (ce qui serait le 4e étage s'il s'agissait d'un étage. Comme je fais couramment la navette avec le 4e étage de l'ancien édifice et mon bureau, il est plus simple de monter sur le toit, descendre au 3e de l'ancien édifice, marcher toute la longueur de l'édifice et remonter au 4e étage de l'ancien édifice pour revenir sur mes pas (mais un étage plus haut) pour aller à la salle de conférence qui est en fait proche de l'entrée de l'escalier menant du toit de l'ancien édifice au 3e étage.

Vous comprendrez donc aisément que le 4e étage de l'ancien édifice ne couvre que partiellement l'ancien édifice, et qu'une portion de la zone qui devrait normalement être occupé par le 4e étage est en fait le toit (juxtant le nouvel édifice). Évidemment, rien n'est parfait (lol) alors il y a quand même un dénivelé d'environ 1 mètre entre le toit de l'ancien édifice et celui du nouvel édifice, qui est plus élevé. On a évidemment tout prévu en laissant un bloc de ciment pour faire une marche étroite et ainsi permettre le passage des paresseux qui préfèrent passer dehors sous le soleil brûlant (ou la rare pluie torrentielle) pour changer d'édifice.



Toit vu du nouvel édifice. Vous remarquerez le chemin laissé non goudronné
exprèssément pour les paresseux comme moi. La zone goudronnée est surélevée.


Anyway, je vous entends déjà me demander, d'un air blasé et feignant l'intérêt de la plus belle manière, "Oui oui oui, passionnant mais la ferme avec ton building, mais encore, les minous?"

Et bien, les minous pullulent à Dakar. On en trouve partout, mais surtout dans les poubelles et les ruelles. Il y a énormément d'animaux abandonnés à Dakar : des chiens, des chats, des pigeons, des coquerelles... Je voudrais donc joindre ma voix à la strip-teaseuse américaine pour faire la promotion du contrôle des naissance animales. D'ailleurs, je songe fortement à l'imiter et me faire poser en corset et jarretelles pour renforcer le message, genre "Vous ne voudriez tout de même pas que de tels spécimens se reproduisent?"


La morale de cette histoire est que l'expatriation, c'est une belle expérience, mais l'abus peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des expatriés.

À bientôt!

P.S. Pour ceux qui ne lisent jamais les commentaires et qui ratent parfois de belles perles, je vous suggère d'aller voir le blog de Napoléon qui, ayant suivi mes vacances, a posté son propre blog anti-Mamadou. Je vous donne la page la plus ancienne chronologiquement (y en a que 3, malheureusement):

Délicieux, comme dirait un autre Minou.













samedi 11 août 2007

Si le Sénégal m'était conté, partie 3

Après St-Louis, la Mauritanie et le Sine Saloum, nous sommes enfin partis pour faire la dernière section de notre périple: le parc du Niokolo Koba et le pays Bassari.


Du Sine Saloum à Dindefello, puis retour sur Dakar


La route de Toubacouta jusqu'au Niokolo Koba s'est fait sans pépins, sauf évidemment lorsque le chauffeur du véhicule nous a annoncé après 6 heures de route: "Je ne voulais pas vous le dire trop vite mais on a des problèmes de freins...faudra arrêter pour réparer". Et pendant ce temps, Mme C. faisait des pressions subtiles pour obtenir un accès à Internet pour pouvoir prendre ses messagesl Bon, une fois dans un voyage de 3 semaines n'est pas coutume...

La réparation du véhicule a pris 45 minutes, tandis qu'Internet en a pris un autre 30...rien de très extravagant me direz-vous, sauf nous nous sommes vu interdire l'entrée au parc car nous étions 30 minutes trop tard...après de longues discutions houleuses, nous avons donc décidé de rebrousser chemin et d'aller à un campement à proximité du parc. Un charmant campement, où les animaux rôdent durant la nuit. J'ai même entendu un fort grognement à proximité de la case en plein milieu de la nuit. Chacal, hyène, hyppopotame, babouin ou gazelle assoiffée de sang? Nous ne le saurons jamais, sans doute.

Réparation du frein de notre rutilant 4x4

Le lendemain nous avons pu entrer dans le parc, non sans que l'un des habitants fassent tout un deal à Mlle C.: une location de jumelles pour 4000 par jour. Calcul rapide, nous restons 3 jours, donc 12 000...je ne m'obstine pas, je donne les 12000 FCFA et hop nous partons...mais là l'esprit roule et on se rend compte qu'on s'est autocouillonnés: 12000 FCFA c'est 25$. Nous allons non pas faire 3 jours mais 2 jours de safari...et en plus les jumelles sont un don d'un espagnol de passage dans le parc avant nous! J'ai quand même un peu honte de nous...je rigole bien de Mlle C, à qui on fait porter le chapeau et qui le prend vraiment, mais alors là vraiment personnel, puisque les jumelles sont pour elle.

L'hôtel au Niokolo Koba est charmant. Vue sur la rivière Gambie, piscine hors terre qui ressemble étrangement à une piscine creusée...bien, bien. Notre planning? Safari le matin, lunch repos, safari le soir (juste avant le coucher du soleil), le lendemain matin balade en pirogue, safari en après-midi et sortie du parc vers Kédougou, au Sénégal oriental. Les safaris du premier jour sont intéressants et on voit à satiété cerfs, gazelles, phacochères (proche des sangliers), antilopes, mangoustes, marsupilami, pintades et autre gracieux volatile...

Antilope-cheval se demandant foutrement pourquoi je le prends en photo

Un marsupilami, animal sanguinaire du Niokolo Koba, hurlant son terrible cri de chasse

Toutefois, ça se gâte un peu le midi quand on s'aperçoit que la piscine est vide - c'est la basse saison alors on est les seuls touristes dans l'hôtel, et le service est réduit. De plus, le lendemain matin on ne pourra pas faire le tour de pirogue, faute de piroguier...tant pis pour les hypopotames! On décide donc de quitter le lendemain matin au lieu du soir, pour pouvoir arriver plus tôt à Kédougou...ce qui fait que notre location de jumelle a duré une seule journée! Comment se faire arnaquer. Mlle C décide donc qu'elle a mal compris et qu'elle pense qu'il s'agit d'une location/achat...bien sûr. Évidemment, à la sortie du parc on se fait apostrophé, et une autre longue discussion s'ensuit sur comment arnaquer les touristes avec des jumelles (surtout qu'il y en avait à l'hôtel, gratuitement). Après avoir remis les jumelles, nous finissons par quitter pour Kédougou.

Rendu à Kédougou, petite soirée relaxe ponctuée d'une autre grosse discussion, cette fois avec le directeur de l'hôtel où nous résidons, qui ne veut pas fournir le repas à notre guide parce que nous ne somme que 4 et selon sa règle, il faut être 5 pour profiter de cet avantage...on quitte la table, on discute avec le directeur, on revient à table. 3 engueulages en 3 jours, ça fait beaucoup en vacances!
Le lendemain, nous quittons pour le pays Bassari...en fait, comme le temps des fêtes est passé et qu'il n'y a plus grand chose à voir en pays Bassari, nous avons modifié le programme pour aller au village bédik d'Iwol, perché sur une montagne et accessible uniquement à pied. Accessible, faut le dire vite, la randonnée est quand même assez ardue avec un dénivelé de 300 mètres sur une distance de 2 km. Ça a l'air de rien comme ça, mais par bout c'est quand même assez à pic.

Vue sur le pays Bassari, à mi-chemin vers le village d'Iwol

La population est très chaleureuse, nous faisons la visite du village. J'ai acheté un couteau artisanal (qui, je l'apprendrai à Dakar, était malheureusement infesté de termites...le couteau a donc été généreusement aspergé d'insecticide, puis placé dans le congélateur depuis ce temps. Comme il n'y a plus de bran de scie, je suppose que ça a été efficace). Le plus gros baobab de la région se trouve dans ce village et fait 23 mètres de circonférence. C'est pas petit!

Petite fille bédik devant du riz séchant au soleil

Village d'Iwol

Après Iwol, nous allons à la magnifique cascade de Dindefello, la seule du pays et qui doit bien faire une centaine de mètres, que la charmante Mlle C s'obstine à appeler la fontaine. La route de terre battue et de roches volcaniques est assez mauvaise, et les quelques 15 km prennent plus d'une heure à être parcourues...encore pire qu'au Rwanda! La cascade est vraiment jolie, mais malheureusement la saison des pluies étant alors à nos portes le débit est très faible...il est quand même fort agréable de s'autoflageller sous la chute, ça fait comme un violent massage.


Mon photogénique, mais malheureusement flou, pied droit

La cascade de Dindefello vue de dessous

Le soir, nous résidons au campement de Dindefello. Le camp est très sympathique. Nous avons de l'électricité grâce aux panneaux solaires qui rechargent des piles durant le jour. La principale utilité de cette électricité est évidemment d'alimenter l'unique télévision du village qui se trouve sur le campement, à l'heure de grande écoute (19h30) pour les télénovellas, ces soaps latinos mal traduits en français et qui pourraient concurrencer n'importe quoi que TQS nous jetterait à la figure à pareille heure.

Par la suite, ce fut un souper sous un toit sans murs que nous nous sommes prélassés et que nous avons discutés, en regardant une chauve-souris gober au vol quelques insectes volant autour d'une lumière. Nous avons aussi pu admirer un scorpion brun d'environ 3 cm de long qui végétait sous la chaise d'un des locaux. Pour le tuer, il a pris un bâton et l'a passé sur le scorpion, qui l'a évidemment attaqué et s'est retrouvé debout sur le bâton. Il l'a ensuite tué avec ce même bâton, comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire bébé phoque. Mais où était Brigitte Bardot, je vous le demande?

La nuit venue, nous allons nous coucher dans notre chambre, dotée de 2 lits. Le lit est essentiellement un sommier fait en bois, avec un mince matelas et un mince oreiller...pas de draps. Heureusement, un filet est installé au-dessus de chaque lit. Il y a également une petite fenêtre (nécessaire car les nuits sont chaudes) et une porte qui se barre de l'extérieur. Pour la refermer le soir, une roche permet de la retenir. L'utilité de la roche devient évidente durant la nuit lorsque, peinant à m'endormir dans ce luxe faste, j'entends un gros "Bam! Bam!" venant de la porte...hmmm qu'est-ce qui tente ainsi de pénétrer notre tanière? Un ours? Un lion? Une hyène? Rien de tout cela! Son cri inhumain l'a trahi quelques minutes plus tard! C'était une chèvre qui voulait venir rejoindre mon frère dans sa couche. Remarquez, elle ne fut pas seule puisque qu'une chauve-souris s'est subrepticement immiscée dans la chambre, par la fenêtre, pour y manger quelques mouches et repartir aussitôt.

Lit de camp dans la case du campement de Dindefello

Le lendemain nous avons grimpé la montagne pour pouvoir admirer la cascade de haut. La randonnée me semble déjà plus facile que la veille, quoiqu'elle a des séquences beaucoup plus à pic, presque verticales. La vue sur le Sénégal oriental est magnifique. En fait, c'est la région du pays qui me fait pensé aux Laurentides (avec une végétation tropicale et non boréale, évidemment). En chemin nous croisons un serpent, puis un scorpion noir défunt. Heureusement, ce dernier est apparemment léthal et est assez gros - son corps doit faire 10 cm, et sa queue également...


La cascade de Dindefello vue de dessus



Puis ce fut le départ pour Dakar, avec en chemin l'écrasement d'une vipère, un arrêt à Mbour d'abord pour acheter des djembés, puis chez le guide qui nous a accueilli pour le diner. Ainsi donc s'est achevé mes vacances en terre sénégalaise.

Depuis ce temps c'est le train-train quotidien:

  1. J'ai continué l'opération de destruction de l'appartement lorsque la mystérieuse Mlle C., faisant la sieste dans le salon pour plus de fraîcheur, avait mis la chaîne de sécurité sur la porte d'entrée. Sécurité my ass, comme on dit...quand je suis revenu du travail j'ai ouvert la porte sans appliquer beaucoup de pression, et le cadre de porte a arraché à moitié (l'autre moitié est restée sur place puisque le bout de bois s'est cassé à un certain endroit).

  2. J'ai hébergé une jeune trifluvienne en médecine, Dominique, qui faisait le même stage que mes deux amies de l'été précédent. Une jeune femme fort sympathique et avec qui j'ai eu bien du plaisir en allant à la plage ou en allant voir un spectacle en compagnie de 4 françaises supplémentaires. Malheureusement elle quitte dès samedi pour retourner à Montréal retrouver sa famille et son copain.

  3. J'ai commencé à prendre des cours de djembé 2 fois par semaine avec un griot sénégalais. Comme il n'y pas de partition ou de base écrite (je lui ai demandé une fois de m'écrire la séquence et il a écrit "ndélé det, té cicum"...ça aide beaucoup pour savoir à quelle vitesse et avec quelle main il faut frapper!

  4. J'ai réussi à m'embarrer encore une fois à l'extérieur de mon appartement, évidemment un jour ou Dominique était en stage en brousse...heureusement cette fois-ci la porte patio était ouverte, alors il a suffit d'attacher deux échelles bout à bout avec de la corde pour pouvoir remonter sur mon balcon.

P.S. Le Marsupilami est une gracieuseté de Franquin.

dimanche 22 juillet 2007

Si le Sénégal m'était conté...partie 2

Après notre périple dans la ville de St-Louis et notre bivouac dans un désert mauritanien, nous sommes partis vers le sud-ouest, en route pour Toubacouta et le Sine Saloum.


De St-Louis à Toubacouta, dans le Sine Saloum

Nos visites de villages en Mauritanie nous avait mis devant un fait troublant: nous avions omis de transporter des cadeaux à distribuer aux villageois que nous allions visiter en cours de route. Ne reculant devant rien pour rectifier le tir, et ayant par la même occasion oublier ma trousse de voyage (contenant brosse à dent, pâte à dents, Malarone, Q-tips, coupe-ongle, savon et shampooing (car pour ceux qui ne le savent pas, des poils téméraires ont reconquis (partiellement) mon désert crânien car j'avais décidé de laisser ce territoire en jachère pour la durée du voyage, tout comme le reste de mon visage déjà pourtant garni d'un pinch. Je n'ai toujours pas trouvé le courage de repasser ma fidèle lame dans cette broussaille de près d'un centimètre par endroits), il fallait bien que je me regarnisse. Nous avons donc acheté dans un dépanneur de la localité de Louga:

  • 10 stylos bleus
  • 10 stylos rouges
  • 4 paquets de 16 bougies
  • 1 paquet de 36 savons

Bien garnis, nous repartîmes vers le sud et le Sine Saloum. En chemin, nous devions arrêter à Touba afin de visiter la Grande Mosquée de la confrérie mouride, qui représente la majorité des Sénégalais. Cette mosquée est magnifique. D'après ma compréhension, le grand marabout est le 3e fils du fondateur de la confrérie, les 2 autres ayant succédés et décédés par la suite, car être marabout se transmet apparemment par le sang...chaque grand marabout successif a donc construit ou rénové les diverses parties de la mosquée afin de montrer sa magnificence. Elle est maintenant plaqué de marbre italien ou espagnol autant sur les minarets que sur certains murs et le sol. Nous devions la visiter mais malheureusement, nous sommes arrivés à l'heure de la grande prière du vendredi. Les infidèles sont alors interdits de visite.


Grande mosquée de Touba

Nous reprîmes alors la route vers Kaolack, puis vers Toubacouta qui est située dans l'estuaire du Sine Saloum. Kaolack est la principale ville de ce qui est appelé le bassin arachidier où, vous l'aurez deviné, est cultivée la plus grande partie de la récolte d'arachides et de noix d'acajou (les fameux cashews) du pays. Passé Kaolack, les routes deviennent rapidement exécrables au point où le chauffeur préfère faire du off-road plutôt que de rouler sur ce bitume, véritable hybride entre une route et une râpe à fromage.



Route typique sénégalaise durant la saison des pluies

De quoi rende jaloux Montréal aux mois d'avril/mai. Durant ce périple vers le sud, le paysage change et passe tranquillement d'un jaune paille séchée à un vert naissant - il semble qu'il y a eu une première pluie à certains endroits, et c'est tout ce qui est nécessaire pour faire revivre certains végétaux desséchés depuis le mois de novembre.

Pêcheurs peuls cueillant des huîtres et des palourdes

Le Sine Saloum, une région pourtant magnifique, nous a fait vivre notre première déception du voyage. Alors que nous devions faire une excursion en pirogue toute la journée dans les bolongs et les mangroves, nous avons été amenés sur une île aménagée en campement avec une piscine en train de se faire remplir. Nous avons au moins pu profiter des minuscules plages pour nous baigner dans l'eau salée du fleuve et pour admirer les centaines de petits crabes violonnistes rouges (ces crabes qui ont une pince énorme et une autre minuscule) nous fuire. Nous avons au moins eu droit à une visite sur une île de coquillage - une île constituée essentiellement des restes des repas dégustés par des Sénégalais durant des miliers d'années, et qui maintenant constituent des îles avec des baobabs gigantesques, puis nous sommes allés au reposoir des oiseaux où se posent des dizaines de gracieux volatiles afin de se mettre en sécurité, loin des prédateurs.

Baobabs sur une des îles en coquillages



Aigrette blanche au reposoir des oiseaux


Coucher de soleil sur le Sine Saloum

mercredi 11 juillet 2007

Si le Sénégal m'était conté...partie 1

Durant les dernières semaines, j'ai eu la chance de prendre un petit deux semaines de vacances afin de visiter mon pays d'adoption. Nous avons pu, mon frère, la Mystérieuse Mademoiselle C. et moi-même, faire le tour de 3 des régions les plus importantes du Sénégal, soit le nord, la région du Sine Saloum et le Sénégal Oriental. Afin de ne pas publier un seul interminable texte, je vous propose (et je dirais même plus, je vous impose) une approche en trois tableaux, chacun focalisant sur une région particulière du Sénégal (ou, dans le cas du premier, de la Mauritanie également) et ce, dans l'ordre chronologique de nos pérégrinations sur ces terres d'Afrique.

De Dakar à la Mauritanie en passant par St-Louis.


Lac Rose et St-Louis

Nous partâmes donc de bon matin lundi le 25 juin vers notre première étape, soit le Lac Rose, ce lac alimenté par l'océan et dont la concentration de sel est à saturation, tout comme la Mer Morte, et où les mineurs (ou pêcheurs?) de sel travaillent immergés jusqu'à la taille, brisant à l'aide d'une perche l'épaisse croûte de sel qui recouvre le fond du lac, et dont je vous ai déjà entretenus dans un message antérieur. Mes compagnons de voyage ont pu profiter longuement des propriétés de cette eau très dense, et se laisser flotter comme des bouchons de liège. Personnellement, mon passage dans cette eau a été très bref vu l'état lamentable de mon fessard, qui a eu à subir les attaques intempestives de papier de mauvaise qualité durant la presque totalité de la dernière année. Disons que la sensation du sel sur une peau irritée est très peu agréable, et m'empêchait presque de m'asseoir sur les confortables bancs de bois sur la berge du lac.



Barques de pêcheurs de sel au Lac Rose


Cette escale fut relativement courte, et après le lunch nous prîmes le départ vers St-Louis. Nous ne fûmes que ralentis par le fait que notre guide n'avait pas reçu l'argent nécessaire pour payer les hôtels et les repas (à la charge de l'agence de voyage avec laquelle j'ai fait affaires), ce qui s'est traduit par 1h d'attente sur le bord de l'autoroute, à Rufisque (situé à la sortie de la presqu'île du Cap-Vert qui recèle Dakar). Vu le trafic et l'état lamentable général des voitures qui la constitue, nous eûmes le bonheur de respirer une dernière bouffée de divers gazs avant de repartir vers le Nord. Ça commençait mal les hostilités, mais heureusement la suite du voyage a prouvé que nous étions tombé sur un bon guide.



Déchargement des poissons fraîchement pêchés. En arrière-plan, l'Île de St-Louis.


Arrivés à St-Louis, nous avons évidemment pu faire un tour en calèche de la ville (pas plus grande que le Vieux-Montréal), voir le village des pêcheurs et admirer les étals de poissons séchant sur la plage. Encore ici, ayant couvert cette ville dans un message antérieur (en février), je ne voudrais pas m'étaler trop longuement sur le sujet.



Coucher de soleil sur la plage de St-Louis


Les Maures sont-ils de bons vivants?


L'étape suivante fut une sortie du Sénégal: nous avions décidé de nous rendre en Mauritanie afin de bivouaquer dans le désert. Suite à la traversée du barrage de Diama qui enjambe le fleuve Sénégal, nous avons mis pied en sol Maure. Il faut bien le dire, il n'y a pas vraiment de différences entre les deux rives: puissamment verdoyant aux abords du fleuve, le sol devient aride après quelques mètres de distance et n'offre aux yeux du visiteur inassouvi que quelques bosquets rabougris, un peu d'herbes jaunes et desséchées et de rares acacias ou tamarisques - la saison des pluies n'a de toute évidence toujours pas débuté ici.



Troupeau de dromadaires surveillé par un nomade et sa chèvre de berger


Toutefois, après avoir dépassé un village Peul (qui est une ethnie fort répandue dans le sud de la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée et le Mali) ainsi qu'un troupeau de dromadaires menés par un mauritanien arabo-berbère, nous sommes arrivés à la lisière du désert: en l'espace de quelques centimètres, la terre aride fait place à des dunes de sable presque blanc. Le 4x4 glissait dans le sable comme sur de la neige jusqu'à ce qu'on se rende à notre campement...bon le campement devait être à une centaine de mètres de la zone simplement aride, et 200 mètres plus loin l'océan baignait cette énorme plage qui s'étendait à perte de vue que ce soit vers le nord, le sud ou l'est. La mer était assez violente (mon frère et moi on a tous les deux failli se disloquer l'épaule en prenant une vague trop forte) et a rejeté le soir de notre bref passage plusieurs méduses, une moitié de baleine, une carcasse noircie de dauphin, un squelette de tortue et quelques cadavres de poisson. Évidemment, ce n'est pas une plage très populaire alors il n'y a pas beaucoup d'entretien...




Campement dans le désert mauritanien. Ma tente est celle de droite.


Trace de mon pied (que vous adorez tant) dans le sable du désert mauritanien

Nomad's land

Ce jour là nous avons eu également la chance d'aller visiter un village de nomades arabo-berbères, qui nous ont accueilli dans leur tente-salon. Les hommes étant partis avec les troupeaux l'accueil fut limité à toutes les femmes du village, qui étaient déjà installées pour regarder la télévision...car tout le monde le sait, les nomades ont une coupole satellite et un lecteur de DVD. Et l'électricité, me direz-vous? C'est pas dans le désert qu'on fait de l'hydroélectricité tout de même? Et non, les villages du sud de la Mauritanie ne sont pas branchés sur le réseau électrique...le truc? Les panneaux solaires. Dans les villages reculés, l'électricité provient généralement du soleil, ce qui est bien pratique le jour mais force à utiliser des grosses piles pour les soirées...Par ailleurs, dîtes-vous que tout le monde a son téléphone portable et que le réseau se rend jusqu'à eux. Y a vraiment pu de frontières!


Enfin, toujours est-il que les femmes du village nous ont invités à prendre le thé à la menthe avec eux, et les trois services s'il vous plaît! Ensuite, après qu'une des femmes aient indiqué son intérêt pour mon frère (qui, malheureusement, a refusé. Faut dire que la dame avait dans les 40 ans alors que mon frère est encore tout jeune, et il ne voulait pas non plus se lancer dans une lutte administrative....S'est ensuivi une séance de négociation vu que les femmes du village font des colliers et des tabatières (pipe comprise) en peau de chèvre, et il faut bien encourager l'industrie locale, puis une partie déchaînée de football avec les jeunes du village.


Équipe nationale mauritanienne de football



Cette soirée là s'est terminée autour d'un couscous mauritanien, dégusté avec les blagues de mauvais goût du guide Mauritanien d'une 50aine d'années, du genre "Quelle est la différence entre une fille de 8 ans et une femme de 28 ans? La fille de 8 ans aime le chocolat, celle de 28 ans aime le chocaulit", racontée évidemment 8 fois chacune pour être sûr qu'on l'ait bien compris, et tout ça sous le regard courroucé de 2 petites souris qui n'attendaient que notre départ pour les tentes pour se repaître des grains de couscous jonchant le sol, fruit de l'incapacité de mon fraternel de verser le couscous intégralement dans son assiette...


Le lendemain, nous avons visité un village mauritanien Peul. Les Peuls ne sont pas des nomages et résident de manière permanente sur leur sol desséché, à l'orée d'un désert de dunes de sable jaune magnifique. Ce fut plus ou moins le même rituel avec le thé et la vente de souvenirs, mais de manière un peu plus froide malheureusement.




Femme Peul chef du village préparant le thé à la menthe pour ses invités (i.e. nous)




Après cette rencontre, nous sommes allés faire un peu de 4x4 dans les dunes (nous sommes assis en arrière d'un espèce de pick-up modifié avec un toit et des bancs de bois sur chaque côté, mais évidemment sans ceintures), où le chauffeur a raté un trou en faisant un jump, ce qui a fait en sorte que nous nous sommes tous assommés à divers endroits et le guide a bien failli tomber en dehors de la voiture! Nous avons ensuite retraversé le fleuve Sénégal pour passer une dernière nuit à St-Louis. Prochaine étape? l'estuaire du Sine Saloum avec ses mangroves, en passant par la ville sainte de Touba.




Centre-ville de Toronto après 19h



dimanche 17 juin 2007

Le Beach Party à la Française

Petite fin de semaine tranquille à Dakar: j'ai à peine travaillé quelques heures samedi, pour pouvoir passer une demi-journée à la piscine de l'hôtel où elle séjourne...rien de majeur, me direz-vous, et je serai complètement d'accord avec vous. Au moins, je n'ai pas été malade - faut croire que je ne suis malade que si je décide de prendre une fin de semaine de 2 jours au complet.

Et pourtant, pourtant il faut toujours qu'il arrive quelque chose même durant les moments les plus banals. J'étais coolement étendu sur ma chaise longue, dialoguant avec ma collègue de choses spirituelles comme la signification du ka, l'interprétation sud-saoudienne de l'Aurore de Nietsche ainsi que le coût exorbitant des bouteilles de Perrier (8$) à l'hôtel quand tout à coup, on entends un splash! et on a l'impression de recevoir quelques gouttes de pluie...d'où est-ce que ça vient? On regarde partout, rien de particulier sauf des travailleurs sénégalais qui, juchés sur des camions, reluquent la cours de l'hôtel et nous envoie des baisers (enfin je suppose qu'ils les envoient à ma collègue). Ça doit être eux, dis-je, toujours prompt à accuser autrui, et je me remets à lire lorsqu'elle me dit "C'est quoi ça?" en pointant une tache plus ou moins blanche sur sa cuisse. Étrange...c'est alors que je remarque 2 spots sur mon costume, un blanc et un jaune. Merde! Faut que je me tape 8000 km de voyage, que je me démène pendant 1 an à informatiser le gouvernement d'un pays pour que sa faune locale me chie littéralement dessus! Incroyable non? Quelle ingratitude...depuis ce temps j'ai une dent contre les moineaux locaux.

Aujourd'hui, nous somme allés à la plage de Yoff, non loin de Dakar, parce que sur les bouteilles d'eau Kirène on y annonçait des tournois de volley-ball, des démonstrations de surf, etc...Cool. On s'est donc installé et c'est alors que j'ai vécu une expérience traumatisante: le beach party à la française (car évidemment des Français avaient le contrôle du show, au détriment des Libanais qui ont pourtant souvent le haut du pavé à Dakar). Non pas que je n'aime pas les Français, quoique plusieurs des Français ici sont des militaires qui se croient encore en territoire colonial, mais leur approche linguistique me laisse toujours un peu perplexe.

Le party, qui s'appelle le Festival Beach Attitud (sic, prononcez biche attitude), a donc permis à votre bloggueur préféré de noter quelques-unes de ces phrases qui montrent que la langue de Molière se porte bien au pays de Nelligan:

- "Le concours de surf est composé de 4 teams (prononcer tsims)"
- "Seulement un guitariste et un batteur? Ça va être de la musique lourde dis-donc! (le commentateur qui décrit un groupe rock qui vient jouer sur le stage)
- "Allez les surfeurs, prenez votre wave (prononcer ouave)"
- "Allez, tout le monde regarde les breakers (prononcer les brékeurs, désignant un groupe de jeunes qui font du break-dancing"...de quoi disjoncter)
Et mon préféré personnel:
- "En avant et on se fait aller la chevelure (parce qu'il y avait le groupe rock susmentionné qui faisait du pseudo heavy, il aurait fallu faire une imitation de Wayne's World)"

Malgré tout, ce fut bien plaisant: la plage était belle sauf pour les poissons morts qui croupissaient sur le sable blond, les vagues étaient puissantes et assez fortes pour que je manque perdre mon maillot quelques fois dans les rouleaux, l'eau était chaude...mais le moment le plus déstabilisant fut lorsque ma collègue qui me parlait d'un Sénégalais qui la suit matin et soir sur le chemin du bureau et qui disait se demander comment s'en débarrasser fut abordé par un autre Sénégalais (d'au moins 50 ans) qui est venu la chercher à côté de moi, l'a pris par le bras et l'a tirée jusqu'à son parasol en lui disant de s'asseoir avec lui...elle avait beau se débattre, apparemment il tirait fort. Elle a fini par avoir la paix en me désignant (qui les surveillait l'air pas commode, comme seul un chauve avec un pinch peut avoir l'air pas commode) comme son copain ou son mari, je ne sais trop. Il a fini par la lâcher avant que je me lève, en la traitant (ou moi) de motherfucker...il a même craché dans ma direction un peu plus tard. Une heure après il cruisait des filles de 16 ans en leur faisant miroiter une poche de jus de bouye (le fruit du baobab, aussi appelé pain de singe, et qui donne un jus blanchâtre, laiteux).

Finalement, un dernier mot pour souhaiter bonne fête aux papas que je connais: mon propre paternel, Jean-François, Marc-André (bravo pour ta 2e poupoune), Sébastien, J-P, etc...

dimanche 10 juin 2007

Trop de travail tue la créativité

Oui oui, je sais, je vous ai délaissés durant les dernières semaines (près de 2 mois d'absence en fait), mais j'ai plein de bonnes excuses...

Depuis mon dernier message, ça a été la folie furieuse. Nous avons travaillé de longues journées ainsi que les fins de semaine pour réussir à implanter dans les temps : la date cible était le 4 juin. J'ai donc dû, par exemple, faire une série de 10 réunions avec le bureau de la législation à partir de 17h...bon, je me suis fait posé des lapins 5 fois sur les 10, mais quand même, on n'a pas chômé! En plus des weekends qui ont tous disparus en grande partie pour le bien de la patrie sénégalaise.

Nous avons finalement implanté notre produit le 6 juin à 22h, GMT (et heure locale), puisque le client n'était pas tout à fait prêt le 4. Le système fonctionne maintenant en production et semble répondre adéquatement aux besoins du client. Il reste encore du travail à faire, mais à mon avis le pire est passé.

Évidemment, durant ces semaines peu d'anecdotes croustillantes, donc peu à raconter. Ce weekend et le weekend passé furent mes 2 premiers complètement libres, mais malheureusement j'ai réussi à être malade les deux fois (la première une espèce de laryngite et la seconde (i.e. celle-ci) une intoxication alimentaire ma foi fort violente). J'ai eu une seule coquerelle sur toute la période et elle n'était même pas digne de mon armée. Je n'ai rien brisé de plus dans mon appart, et ma proprio ne m'a rien chargé pour mes dommages précédents.

Bref ce fut bien tranquille...qu'à cela ne tienne, je pars en vacances dans 2 semaines et je pourrai alors vous écrire des trucs un peu plus intéressants, vous mettre des photos originales, etc.

mercredi 18 avril 2007

Des souris et des agents fiscaux

Désolé pour le long délai de près d'un mois, mais comme nous étions à la porte d'une implantation et qu'il restait beaucoup de choses à faire, les dernières semaines ont été folles folles, avec de longues journées et de très courtes fin de semaines...mais bon, on va survivre. Y a quand même pas de quoi s'arracher la tête et faire une passe au Pape, comme on dit.

Enfin, j'ai pu en profiter de mon (trop) court retour à Montréal pour me reposer un peu et voir certains d'entre vous - désolé pour les autres, mais on fait notre possible à l'intérieur de 2 malheureuses semaines. Prochain retour? Octobre, inch Allah!

Bref, depuis mon retour le 9 avril, le manège a repris de plus belle...heureusement, le client n'étant pas près pour l'implantation, celle-ci sera décalée légèrement (probablement d'un mois), ce qui nous laisse une chance de respirer un peu. Mon collègue Philippe et moi en avons donc profité pour prendre deux jours de congé: samedi et dimanche.

Puisque mon éminent collègue était insistant (faut dire que je n'ai pas résisté longuement), nous avons décidés d'aller faire de la pêche en haute mer près de l'Île de Ngor, un coin tout à fait charmant.


La plage de l'île de Ngor

Nous avons tout d'abord essayé à la traîne (on installe les cannes à pêches à l'arrière du bateau et on avance tranquillement avec l'appât près de la surface, et pendant que le capitaine s'amuse on jase sur le deck, idéalement avec une bière (Flag de préférence)), approche qui n'a apporté aucun dividende.

Devant notre peu de chance (et l'absence de bière), nous avons décidé de changer de méthode et d'adopter celle de la palangrotte (qui consiste à attacher un poids à un fil, et à une trentaine de cm on y attache un bout de corde au bout duquel se promène l'appât). Pas plus de chance pour moi, mais mon collègue, évidemment expert dans cet art subtil, a ramené un poisson dont le nom échappait même au capitaine.

Malheureusement pour lui, le talent vient souvent avec des vices, et le sien fut le mal de mer puisque quelques secondes après avoir sorti le poisson de l'eau, il restitua à la mer quelques parties de son léger goûté. Comme quoi rien ne se perd, rien ne se crée. Au moins, fidèle à lui-même, Philippe su être malade avec classe.

Après notre retour précipité sur la terre ferme, nous pûmes relaxer sur la plage et nous baigner, l'eau revenant tranquillement à une température acceptable, pendant que sur Montréal tombaient 20 cm de neige en plein mois d'avril...l'expatriation a quand même ses bons moments.

Côté business, mardi matin avait lieu le lancement officiel de la formation des utilisateurs du site pilote. Pour l'occasion, le tout DGID (direction des impôts et des domaines) s'était déplacé: Directeur général, coordonnateur, directeur des impôts, directeur du site pilote, coordonnateur national de mon projet...Évidemment, le DG a lancé la formation en y allant d'une allocution sur SIGTAS (le système de gestion des impôts qu'on implante) et tous les changements qui vont de paire: changement de fenêtres, changement des ordis, rénovations, etc.

Au moment précis où le DG parle de ces améliorations, mon collègue (tjrs le même bout-en-train) me tire par la manche de veston et pointe mon soulier...après quelques secondes de recherche, je finis par voir: une souris se promenait allègrement autour de mes pieds, en profitant même pour s'arrêter quelques minutes pour gruger tranquillement une pile de déclarations fiscales. Ça c'est l'Afrique mon ami! (et tous ses numéros, pour les nostalgiques de Passe-Partout qui l'auraient complété mentalement).


Une souris sans aucun lien avec le Sénégal


Autres anecdotes pendant qu'on y est...quelques semaines avant mon retour à Montréal et pendant l'absence de ma propriétaire, j'étais avec ma collègue Carole qui était ici à l'époque. On se préparent à sortir, on sort, la porte se ferme et je touche à mes poches: elles sont plates. Aucune clé ne s'y cache. Panique. Il faut comprendre que ce qui m'arrive est ma hantise depuis mon arrivée il y a maintenant un an (date d'anniversaire officielle à Dakr: 15 avril 2006). Ma porte est littéralement blindée, et la serrure est impossible à copier (je vous montrerais la clé que vous vous mettriez à courir autour d'excitation). Damn. Seule possibilité: passer par la porte patio. Heureusement que je suis au premier! Je vais donc voir mon gardien, puis le personnel de l'hôtel voisin pour obtenir une échelle. Le gardien de l'hôtel en trouve une et l'apporte : elle fait au mieux la moitié de la longueur voulue. Je déprime un peu, mais le gardien décide d'y aller. Il monte l'échelle et réussit à se cramponner à la rampe pendant que je supporte l'échelle avec mon gardien. Il essaie d'ouvrir: porte barrée. Redamn. Il se met donc à tirer et pousser la porte jusqu'à ce que celle-ci arrache. Ouf! Je réussis donc à réintégrer mon appart une fois qu'il m'a ouvert la porte principale, en échange d'une modeste rétribution...je remets la porte en place mais elle reste un brin endommagée par l'expérience (et moi traumatisé).

Une semaine plus tard, mes collègues (Philippe étant arrivé entre-temps) et moi nous installons pour regarder un film. Je ferme donc les volets - il faut comprendre que mes volets descendent du haut de la porte-patio lorsque j'actionne une manivelle, ce que je fais machinalement en regardant le film. Malheureusement, pour la première fois la bonne avait accoté mon rack à linge sur la porte patio et non sur le mur. Résultat: le volet s'accumule sur le rack, ce qui fait en sorte que ça se décroche dans le haut et BADANG! tout tombe sur mon balcon en se défaisant...En deux semaines d'absence de ma propriétaire j'ai réussi à faire plus de dommages à mon appart que dans les 11 derniers mois (rien détruit depuis la lampe du premier jour, sauf peut-être un verre).

Comme je n'ai pas encore été évincé, j'imagine que les réparations n'ont pas coûté trop cher...j'espère être capable de garder l'appart pour les 6 prochains mois, Inch Allah!

mercredi 28 février 2007

A Day in the Life

Hier matin, 7h, je me lève au chant de ce coq qui, matin après matin, salue la montée du soleil au-dessus du centre-ville...un peu comme si une basse-cours occupait l'arrière d'un triplex sur St-Denis. Réveil difficile, puisque la nuit avait été courte: pris par de puissantes crampes abdominales, je me suis retrouvé assis sur la toilette, complètement en sueur, nausées inclues, et me sentant près de perdre conscience. Serait-ce la fin? Il me semble qu'il aurait été peu glorieux de finir mes jours les culottes baissées, sur le sol d'une salle de bain de Dakar. Mais non, après quelques minutes (j'ai un peu perdu le fil du temps), j'ai réussi à rejoindre ma chambre. Je suppose qu'il s'agissait d'une petite intoxication alimentaire, mais sur le coup je n'ai pas vraiment aimé l'expérience.

Je procède à mes ablutions quotidiennes dans mon demi-bain, m'habille et déjeune, puis j'ouvre la porte à ma bonne qui va passer une demi-journée à passer le balai et 5 min à faire ma vaisselle ou, s'il s'agit de la bonne journée, va laver mes chemises à la main. J'ai bien un lave-linge, certes, mais bon il faut bien que je justifie son salaire, sinon la proprio pourrait lui couper. Soyons bon prince et créons de l'emploi!
7h40, je lève les pattes et me rends à mon bureau, où je m'installe à 7h45. Le bureau est vraiment loin de mon appart! Faut quand même monter les 3 étages, puisque je boycotte l'ascenseur. Évidemment, comme ils rénovent tous les étages en même temps, faut marcher dans du sable à l'intérieur comme à l'extérieur de l'immeuble. Le linge reste propre vraiment longtemps ici.


Rue de Dakar, vu du toit du bureau.
Le tas qui bloque la moitié de la rue, c'est du sable pour faire du ciment.


Comme j'ai procédé à l'acquisition d'une cafetière de projet (attention, elle produit 2 tasses à la fois! Le luxe, pour 60$...et c'était la moins cher, le modèle suivant étant à 100$) je peux maintenant me permettre de prendre un peu de caféine question de passer au travers de la journée. J'ouvre les fenêtres, évidemment, pour profiter de l'air qui est encore relativement frais - d'ici 2 mois la température va grimper suffisamment pour justifier l'utilisation de la climatisation, et 2 mois plus tard je vais devoir me traîner une serviette pour m'éponger - le bureau sera alors invivable jusqu'à ce que la clim ne prenne sa vitesse de croisière.

Photo de mon bureau et sa multitude de chaises.
On peut voir, au fond à droite la fière cafetière de projet.

Je passe au travers de ma journée en travaillant sur mon ordinateur, espérant que mon staff local fasse de même. Que nenni! Rien ne se fera si ce n'est pas moi qui est sur le clavier. Dur dur d'avancer tous les dossiers quand on ne peut pas déléguer à son équipe avec un infime espoir que le travail se fasse. Au moins, du côté de l'informatique les choses avancent tant à Montréal qu'à Dakar. Je râle donc parfois devant mon écran, tandis que dehors un mouton bêle devant une mini botte de foin. À chacun son quotidien. J'espère encore que les choses se placent, après un an...

Je vogue aussi de réunion en réunion, où tout se discute avec aplomb, prenant les résolutions les plus fermes mais où elles ne sont généralement pas suivies de résultat. C'est en étant dans un système bureaucratique français (avec en plus, probablement, un peu de modifications) qu'on se rend compte à quel point c'est lourd, et que personne ne veut prendre de décision afin de ne pas devoir en porter l'odieuse responsabilité.

Durant une pause, j'en profite pour parcourir le journal rapidement afin de connaître les résultats des élections et ses contre-coups. Wade, le président sortant, est réélu sans surprise mis à part le taux élevé - 57% au premier tour, alors qu'il y a 15 candidats. Son plus proche rival a moins de 15% des votes. Au moins, les élections ont eu lieu dans le calme sauf dans quelques bureaux de scrutins, et la sortie des résultats ne s'est pas accompagné d'émeute ou de manifestations. Certes, certains candidats ont bien indiqué leurs doutes quant au résultat, mais la population semble accepter son propre verdict.

De son côté, ma collègue qui vit son baptème africain, s'acclimate tranquillement à son nouveau milieu qu'elle trouve cependant chaud (non non, moi je trouve qu'il fait frais. Ha oui c'est vrai, d'où tu viens il faisait -20 il y a 5 jours) et qui sent l'essence (ha? Je ne m'en rends plus compte).

Petite gargote à ciel ouvert où les gens peuvent déjeuner
et prendre l'Ataya, le fameux thé à la menthe sénégalais.


Après le travail, retour à l'appart pour chatter un peu avec les collègues et les amis, puis on décolle vers les 20h pour aller souper. Ce soir, ce sera de l'Italien! Lundi, nous avons rencontré deux Québécois qui se sont réfugiés à Dakar pour 10 jours. Ils avaient quitté la ville de Kamsar, en Guinée, pour passer le weekend à Conakry (capitale du même pays)...le destin en avait décidé autrement! Ils ont dû évacuer la ville sous le feu nourri de soldats debouts sur le camion dans lequel ils ont été amenés à l'aéroport, où ils ont pu prendre un avion pour Banjul, en Gambie, puis un bateau pour Dakar. Au moins, les tirs n'étaient pas dirigés vers eux, mais les balles perdues s'en foutent toujours un peu, alors valait mieux évacuer. Apparemment, ils ont rempli l'avion tellement rapidement qu'ils ont fermé la porte alors que des gens étaient debouts sur l'escalier qui y menaient. Une dame qui avait pourtant donné 200$ pour corrompre un membre de l'équipe de sol a d'ailleurs dû attendre le vol suivant. Comme quoi le crime ne paie pas toujours. Fait cocasse, au restaurant italien tout le monde a pris des pâtes Thaï...même leurs épouses, deux guinéennes au demeurant charmantes. Le calme étant revenu, ils repartaient aujourd'hui même pour Conakry.

Retour à la maison vers les 23h...un peu de lecture et hop! au lit. Le lendemain sera une journée de menus plaisirs et de légères frustration, comme d'habitude, au son à demi-hypnotique des appels à la prière.


On repeinture les façades, les travailleurs attachés
avec une corde simple autour de la taille.








samedi 17 février 2007

La rase campagne

La campagne présidentielle a été amorcée depuis deux semaines au Sénégal, mais c'est le calme plat à Dakar...Pas de manif, pas d'émeute, pas de chasse à l'homme, pas de couvre-feu, pas de tirs de mitraillette. On pourrait être à Hérouxville que les passions ne seraient pas plus intenses.

Oui, les discussions politiques accaparent une bonne partie de la journée de travail et des soirées des Sénégalais. Oui, les affiches sont souvent arrachées, la colle à peine sèche. Je me serais attendu à plus d'action...surtout après le message de panique de l'ambassade dont je vous parlais il y a déjà une semaine. Remarquez, on n'a qu'à ouvrir le journal pour se rendre compte que ça brasse un peu plus en région: "Le meeting de Landing dispersé à Thiès", "Un militant poignardé à Diourbel", "Deux maisons de responsables socialistes brûlées à Guinguineo"...

Ou encore ce jeune homme qui se fait trancher les doigts d'une main, par un agile coup de machette, lors d'une rixe entre les partisans de deux candidats, sur le terrain de foot qui allait en accueillir un troisième. Un peu de sang, donc, mais qui ne semble pas émouvoir la populace outre-mesure. J'imagine qu'ils sont bien contents de vivre au Sénégal et non en Guinée, où 123 personnes se sont fait tuées depuis que le Président a mis son couvre-feu lundi dernier, et tente par tous les moyens de sauver sa Présidence (dictatoriale), attaquée de toute part par les divers syndicats du pays (d'ailleurs en grève générale illimitée).

Remarquez ici, contrairement à notre démocratie pure et saine, les débats de fond font place aux attaques personnelles et démagogiques...imaginez, c'est comme si nos politiciens se traitaient de drogay (quand même, qu'est-ce que je suis fort) ou de mouton incompétent, ce qui serait inconcevable. Il faut dire que comme les 15 candidats disposent de 5 min de message télévisé par jour, on peut s'attendre à ce qu'ils procèdent à une série d'attaques afin de ne pas avoir à défendre leur plate-forme électorale.

Enfin, selon mes collègues sénégalais, les candidats vont tranquillement se diriger vers Dakar pour terminer la campagne ici. J'imagine que la semaine sera plus excitante et que les messages de l'Ambassade vont s'accumuler dans mon courrier indésirable.

De mon côté, c'est la routine habituelle. En fin de semaine dernière, j'ai accueilli mes deux travailleuses sociales qui remplacent mes regrettées Triflus. Elles le font d'ailleurs très bien. Pour leur faire plaisir, je leur ai fait un dîner à la québécoise (belle poutine avec simili fromage en grain - edam coupé en dés - dont la principale lacune était l'absence de skoui-skoui sous la dent), et un souper classique: un Pad Thai, plat thailandais par excellence, préparé par 3 Québécois en sol africain avec des arachides sénégalaises, des pâtes de riz viet-namiennes et des champignons de Paris provenant des Pays-Bas, le tout mélangé dans un grand bol Made in China, et arrosé de vin italien ou sud-africain et accompagné de pain français acheté dans une boulangerie libanaise. On est internationaux ou on l'est pas. Faut s'assumer! J'imagine que c'est ça, la mondialisation à l'échelle individuelle. La veille on avait d'ailleurs aussi arrosé la soirée un peu trop, et partagé l'ataya (le célèbre thé à la menthe (ou nana) sénégalais à trois services, dont le premier est amer comme la mort, le deuxième fort comme la vie, le troisième doux comme l'amour, comme on dit ici) avec le gardien de nuit de mon bloc.

J'ai aussi eu l'indicible plaisir de recevoir mon boss cette semaine, ce qui nous permet d'avoir des discussions pseudo-philosophiques sur les impôts et les femmes (et parfois séparément) en marchant dans la rue, tout en tentant d'éviter les voitures et les mobilettes, et en faisant d'élégants pas de danse afin de ne pas recevoir un coup de miroir d'un taxi qui passe trop proche...ou de regarder en passant ces fidèles qui, assis sur leurs tapis de prière de manière à bloquer entièrement une petite rue, lisent leur coran à 2 pas d'une grande artère archibondée où les vendeurs de babioles tentent de refiler aux touristes naifs des objets achetés à bas prix dans les magasins chinois, ou d'originales sculptures faites à la main qu'on peut trouver dans toutes les boutiques à ciel ouvert. Scène surréaliste, certes, mais qui fait partie du quotien dakarois.

vendredi 9 février 2007

Tous en élections!

Ce dimanche, 4 février 2007, avait lieu le lancement de la campagne pour les élections présidentielles au Sénégal. La campagne durera 3 semaines, les élections ayant lieu le dimanche 25 février.

Or, jeudi le 1er j'ai reçu de l'Ambassade canadienne un avis indiquant qu'une manifestation de l'opposition était planifiée pour le lendemain, et qu'il était recommandé d'éviter le plateau de Dakar...hmmm, j'habite et je travaille sur ledit plateau. Ça ne sera pas facile! Heureusement (mais malheureusement pour mes anecdotes), j'apprends le lendemain matin que la manif a été annulée.

Toutefois, lundi dernier les premiers signes de la campagne ont commencé à poindre dans la rue. Sur l'heure du midi, un long cortège se promenait en klaxonnant à tout rompre dans les rues de Dakar pour promouvoir la candidature de Idy. Évidemment, tout ce remue-ménage a bloqué les rues encore plus qu'à l'habitude (car comme vous le savez le trafic de Dakar est exécrable).
Le soir, je quitte le bureau et une belle affiche toute neuve d'un autre candidat avait été collé sur le mur de la Direction des impôts. Le lendemain matin, en arrivant au bureau, elle avait déjà été arrachée...elle a duré moins de 24h! Alors que chez nous les pancartes restent accrochées à tous les poteaux de la ville pendant au moins 1 mois après les élections...c'est là qu'on voit la différence. Ici les gens sont très politisés, beaucoup plus que chez nous. Beaucoup moins blasés. Il faut dire que la misère étant grande, les passions et les attaques se multiplient car l'opposition a le beau jeu.
Maintenant, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous avez tous contre mon pied droit. Non je ne l'épile pas! Je suis peut-être moins velu sur les pieds et la tête que sur le torse et les bras, mais ça ne veut pas dire que ça peut donner des nausées...moi, je pense que vous êtes jaloux à cause de la mer derrière mon pied, alors vous avez concentré vos regards sur ce dernier....allez, retournez pelleter!

Vous voulez avoir la réponse officielle au jeu dont vous êtes le héros #1? J'ai compté 32 pélicans et 11 intrus. Évidemment, j'ai l'avantage d'avoir une photo plus grosse avec une meilleur définition, mais comme dirait Caliméro: Zé vraiment trop inzuste!

Je vous ajoute quelques photos supplémentaires de Saint-Louis, pour vous faire plaisir :)

Pêcheurs du village préparant leur filet avant le départ en mer

Coucher de soleil Saint-Louisien


Gazelle du Parc de Gueumbel provenant
d'un zoo en Israel...elle a probablement été convertie

Pélican en plein amerrissage

Jeu dont vous êtes le héros #2
Bonne chance!


mardi 30 janvier 2007

The Spirit of Saint-Louis

Samedi, 8h du matin...je me lève, les yeux encore tout encroustillés de ma nuit de sommeil, je me prépare et je file à l'anglaise. Destination ? Saint-Louis, dans le nord du Sénégal.

Après un court trajet en taxi, j'arrive à 8h45 à Pompier , la station d'autobus de Dakar qui permet de se rendre partout dans le pays ou presque...autobus? Deux choix s'ouvrent en fait à moi: les taxi-brousse à 7 places et qui sont en fait des voitures familiales, et les minibus à 14 ou 19 places. Dans tous les cas, il n'y a pas d'horaire fixe et je dois prendre ce qui part ou courir le risque d'attendre longtemps avant le prochain départ. Manque de pot, je rate le taxi-brousse et je dois me rabattre sur le minibus...à 14 places, remplir le véhicule c'est long. Le chauffeur me désigne le siège en avant...cool, ça va être confortable. Que nenni! Le siège avant consiste en 2 places, question de rentabiliser le trajet.

Une heure plus tard, c'est le départ. Le chauffeur se met sur le neutre et guide le véhicule pendant que 5 ou 6 gaillards le poussent. Lorsque le minibus a pris assez de vitesse, le chauffeur démarre et nous partons de bon matin, vers le nord. Quelques minutes me suffisent pour comprendre que mon trajet consistera essentiellement à identifier à quel endroit de mon tibia le tableau de bord pénètrera (ou, si vous préférez vous mettre dans la peau du minibus, à quel endroit du dash mon tibia sera désormais soudé) et ce, au grand dam de mon compagnon de voyage qui trouve que décidemment j'ai la gigote. Au premier arrêt (3h plus tard) servant aux passagers d'aller se soulager chez un habitant hospitalier, je "suggère" à mon voisin de changer de place puisqu'il est plus court sur pattes. Ceci me permettra sans doute de sauver ma jambe de l'amputation. Le voyage est parsemé d'arrêt plus courts qui permettent à 18 autres passagers de s'acheter de l'eau, des bananes, des oranges, des beignets, etc. À 14h45, soit 5h après le décollage, nous avons parcouru les 270 km qui séparent la capitale de Saint-Louis...soit la distance Montréal-Québec. Enfin, nous traversons le pont Faidherbe pour arriver en ville.

J'arrive donc à l'Hôtel du Palais où j'ai trouvé refuge à prix relativement modique (14 000 FCFA, ou 30$, la nuit) et où j'espère que les chambres seront propres. Première chose que je vois en arrivant est le chat du propriétaire avec une belle souris dans la gueule...hmm ça promet! La chambre est constituée de deux lits de camp et comporte une salle de bain. C'est propre, les draps sont propres et je ne rencontre aucune coquerelle durant tout mon séjour. Simple, propre, abordable. Quand je voyage seul je n'ai pas besoin de beaucoup de luxe.

Je prends le reste de la journée pour visiter la ville. Saint-Louis, fondée en 1659 et nommée en l'honneur de Louis XIII, est installé sur une île, sur le fleuve Sénégal, que nous considérerions minuscule (3km de long et 200-300 m de large) et est relié au continent par un pont unique construit en 1897 par Gustav Eiffel. Capitale du Sénégal, de la Mauritanie et de l'Afrique occidentale française à divers moments de son histoire, elle a été reléguée au 2 rang depuis 1958 lors Dakar a pris préséance grâce au commerce des pinottes. La ville est très belle avec son style colonial, mais a décidemment besoin d'entretien - la peinture s'écaille, des plaques de plâtre sont tombées, etc.

Sur le côté opposé au continent se trouve, reliée par 2 petits ponts, le village de pêcheurs Guet N'dar, avec ses 22 000 habitants concentrés sur 0,3 km carrés, une densité de population équivalente à celle de Calcutta! Ce village se trouve sur la Langue de Barbarie, une presqu'île qui s'étire sur environ 50km depuis la Mauritanie jusqu'à l'embouchure du fleuve Sénégal. La presqu'île, à la hauteur de Saint-Louis, doit faire au maximum 150 m de large. La plage serait belle si elle n'était pas jonchée de détritus et de têtes de poissons laissés là par la population locale. Pas question de se baigner ici! Je recontre un Sénégalais qui se dit le fils du chef du village et qui vient d'avoir 2 enfants. Hmmm bien sûr. Enfin, comme je veux prendre des photos je le suis et je fais le tour du village. À la fin du tour, il me dit qu'il doit faire une fête et veut acheter du riz...il a passé plus de 2h avec moi, alors je lui donne un 5000 (12$). Il repart bien heureux.
Pirogues de pêcheurs en partance pour le large

Séchoir de poisson - Les femmes cuisent le poisson avant de le faire sécher au soleil.
Il est ensuite destiné aux pays de la sous-région sans accès à la mer.

Le lendemain, je devais partir pour le Parc national du Djoudj. Malheureusement, mon guide (le proprio de l'hôtel) me choke dans les mains. Le réceptionniste m'en trouve un nouveau. Un guide sérieux, avec ses cartes du ministère du tourisme. Good. On va faire le Parc de la Langue de Barbarie le dimanche, et le Djoudj le lundi. Dans les 2 cas des Français sont sensés nous accompagner. Dans les deux cas je serai seul avec le guide, les autres ayant laissé tombé la randonnée...En chemin pour le parc de la Langue, il me parle des pseudos guides de St-Louis dont le père est le chef du village. Je rigole. Apparemment des touristes ont acheté pour 55 000 FCFA (130$) de stock à un de ces arnaqueurs. Une vraie fortune ici!

Anyway, toujours est-il que nous faisons le tour du Parc en pirogue jusqu'à l'embouchure. Nous arrêtons pour le lunch dans un campement, où apparemment une bonne partie des Français de St-Louis se retrouvent les dimanche, dont le Consul avec qui je discute rapidement.

Mon pied droit sur la Langue de Barbarie, face à l'Atlantique,
pointant vers Montréal et ses -20 degrés celsius...
Lundi, c'est au tour du Parc national de Djoudj d'avoir l'insigne honneur de me recevoir après 70 km de route dans un décor aride, semi-désertique: le lit du fleuve lorsque c'est la saison des pluies, le sol est recouvert de plaques blanches par endroit. Du sel, puisque l'eau est salée à cette hauteur du fleuve.

Autre parc, autre balade en pirogue..mais le Djoudj (prononcer Dioudge) est le 3e plus important parc ornythologique au monde et l'un des lieux les plus importants pour les oiseaux migrateurs européens. C'est le premier point d'eau d'importance après la traversée du Sahara. Par exemple, près de 30 000 couples de pélicans y élèvent leur petits avant de repartir pour le nord. Quelques minutes de pirogue après le départ, c'est l'attaque! Des millieurs de pélicans ayant fait leur pêche retournent à leur aire de nidification en volant à quelques mètres de la pirogue, imitant parfois les bombardiers en piqués, parfois des chasseurs volants en rase-motte. Cette impression est accrue par le petit Français qui crie "pan! pan! pan! voilà les Allemands, ils nous attaquent! takatakatak!" Le sentiment d'être un intrus dans cette couverture d'oiseaux est intense. Au travers du nuage de pélicans, on retrouve également des hérons, des cormorans, des aigles pêcheurs et quelques anhingas, ou oiseaux-serpents, et environ 400 autres espèces d'oiseaux. Ajoutez quelques phacochères (qui sont des cousins des sangliers) et quelques crocodiles (et même quelques rares pythons) et vous avez une bonne idée de l'environnement du Djoudj. Au retour le guide me fait visiter un village Peul, où résident 25 personnes (tous de la même famille - un mari, 4 épouses, 20 enfants). Les cases sont faites en roseaux ou en ciment et sont chacune d'une seule pièce. Chaque épouse a sa case et est décorée d'instruments de cuisine, ce qui représente la richesse de l'épouse. Ce village est bien situé, près d'un cours d'eau, ce qui lui permet de faire de la culture maraîchère et fruitière (mangues, papayes, oranges).


Pélican en instance de décollage dans le Parc du Djoudj

Scène du film "The Birds" d'Albert Hitchcock...
Essayez de prendre une bonne photo quand vos sujets n'arrêtent pas de se mettre entre la cible et la caméra! Maintenant, essayez de compter les pélicans mais attention! Des cormorans et des anhingas (ceux dont la tête sort de l'eau) sont cachés parmi eux! Vous pouvez aussi essayer de trouver Charlie.

Le retour à Dakar se fera cette fois-ci en taxi-brousse, de manière beaucoup plus confortable et surtout beaucoup plus rapide...à peine 3h30 pour le retour!