dimanche 22 juillet 2007

Si le Sénégal m'était conté...partie 2

Après notre périple dans la ville de St-Louis et notre bivouac dans un désert mauritanien, nous sommes partis vers le sud-ouest, en route pour Toubacouta et le Sine Saloum.


De St-Louis à Toubacouta, dans le Sine Saloum

Nos visites de villages en Mauritanie nous avait mis devant un fait troublant: nous avions omis de transporter des cadeaux à distribuer aux villageois que nous allions visiter en cours de route. Ne reculant devant rien pour rectifier le tir, et ayant par la même occasion oublier ma trousse de voyage (contenant brosse à dent, pâte à dents, Malarone, Q-tips, coupe-ongle, savon et shampooing (car pour ceux qui ne le savent pas, des poils téméraires ont reconquis (partiellement) mon désert crânien car j'avais décidé de laisser ce territoire en jachère pour la durée du voyage, tout comme le reste de mon visage déjà pourtant garni d'un pinch. Je n'ai toujours pas trouvé le courage de repasser ma fidèle lame dans cette broussaille de près d'un centimètre par endroits), il fallait bien que je me regarnisse. Nous avons donc acheté dans un dépanneur de la localité de Louga:

  • 10 stylos bleus
  • 10 stylos rouges
  • 4 paquets de 16 bougies
  • 1 paquet de 36 savons

Bien garnis, nous repartîmes vers le sud et le Sine Saloum. En chemin, nous devions arrêter à Touba afin de visiter la Grande Mosquée de la confrérie mouride, qui représente la majorité des Sénégalais. Cette mosquée est magnifique. D'après ma compréhension, le grand marabout est le 3e fils du fondateur de la confrérie, les 2 autres ayant succédés et décédés par la suite, car être marabout se transmet apparemment par le sang...chaque grand marabout successif a donc construit ou rénové les diverses parties de la mosquée afin de montrer sa magnificence. Elle est maintenant plaqué de marbre italien ou espagnol autant sur les minarets que sur certains murs et le sol. Nous devions la visiter mais malheureusement, nous sommes arrivés à l'heure de la grande prière du vendredi. Les infidèles sont alors interdits de visite.


Grande mosquée de Touba

Nous reprîmes alors la route vers Kaolack, puis vers Toubacouta qui est située dans l'estuaire du Sine Saloum. Kaolack est la principale ville de ce qui est appelé le bassin arachidier où, vous l'aurez deviné, est cultivée la plus grande partie de la récolte d'arachides et de noix d'acajou (les fameux cashews) du pays. Passé Kaolack, les routes deviennent rapidement exécrables au point où le chauffeur préfère faire du off-road plutôt que de rouler sur ce bitume, véritable hybride entre une route et une râpe à fromage.



Route typique sénégalaise durant la saison des pluies

De quoi rende jaloux Montréal aux mois d'avril/mai. Durant ce périple vers le sud, le paysage change et passe tranquillement d'un jaune paille séchée à un vert naissant - il semble qu'il y a eu une première pluie à certains endroits, et c'est tout ce qui est nécessaire pour faire revivre certains végétaux desséchés depuis le mois de novembre.

Pêcheurs peuls cueillant des huîtres et des palourdes

Le Sine Saloum, une région pourtant magnifique, nous a fait vivre notre première déception du voyage. Alors que nous devions faire une excursion en pirogue toute la journée dans les bolongs et les mangroves, nous avons été amenés sur une île aménagée en campement avec une piscine en train de se faire remplir. Nous avons au moins pu profiter des minuscules plages pour nous baigner dans l'eau salée du fleuve et pour admirer les centaines de petits crabes violonnistes rouges (ces crabes qui ont une pince énorme et une autre minuscule) nous fuire. Nous avons au moins eu droit à une visite sur une île de coquillage - une île constituée essentiellement des restes des repas dégustés par des Sénégalais durant des miliers d'années, et qui maintenant constituent des îles avec des baobabs gigantesques, puis nous sommes allés au reposoir des oiseaux où se posent des dizaines de gracieux volatiles afin de se mettre en sécurité, loin des prédateurs.

Baobabs sur une des îles en coquillages



Aigrette blanche au reposoir des oiseaux


Coucher de soleil sur le Sine Saloum

mercredi 11 juillet 2007

Si le Sénégal m'était conté...partie 1

Durant les dernières semaines, j'ai eu la chance de prendre un petit deux semaines de vacances afin de visiter mon pays d'adoption. Nous avons pu, mon frère, la Mystérieuse Mademoiselle C. et moi-même, faire le tour de 3 des régions les plus importantes du Sénégal, soit le nord, la région du Sine Saloum et le Sénégal Oriental. Afin de ne pas publier un seul interminable texte, je vous propose (et je dirais même plus, je vous impose) une approche en trois tableaux, chacun focalisant sur une région particulière du Sénégal (ou, dans le cas du premier, de la Mauritanie également) et ce, dans l'ordre chronologique de nos pérégrinations sur ces terres d'Afrique.

De Dakar à la Mauritanie en passant par St-Louis.


Lac Rose et St-Louis

Nous partâmes donc de bon matin lundi le 25 juin vers notre première étape, soit le Lac Rose, ce lac alimenté par l'océan et dont la concentration de sel est à saturation, tout comme la Mer Morte, et où les mineurs (ou pêcheurs?) de sel travaillent immergés jusqu'à la taille, brisant à l'aide d'une perche l'épaisse croûte de sel qui recouvre le fond du lac, et dont je vous ai déjà entretenus dans un message antérieur. Mes compagnons de voyage ont pu profiter longuement des propriétés de cette eau très dense, et se laisser flotter comme des bouchons de liège. Personnellement, mon passage dans cette eau a été très bref vu l'état lamentable de mon fessard, qui a eu à subir les attaques intempestives de papier de mauvaise qualité durant la presque totalité de la dernière année. Disons que la sensation du sel sur une peau irritée est très peu agréable, et m'empêchait presque de m'asseoir sur les confortables bancs de bois sur la berge du lac.



Barques de pêcheurs de sel au Lac Rose


Cette escale fut relativement courte, et après le lunch nous prîmes le départ vers St-Louis. Nous ne fûmes que ralentis par le fait que notre guide n'avait pas reçu l'argent nécessaire pour payer les hôtels et les repas (à la charge de l'agence de voyage avec laquelle j'ai fait affaires), ce qui s'est traduit par 1h d'attente sur le bord de l'autoroute, à Rufisque (situé à la sortie de la presqu'île du Cap-Vert qui recèle Dakar). Vu le trafic et l'état lamentable général des voitures qui la constitue, nous eûmes le bonheur de respirer une dernière bouffée de divers gazs avant de repartir vers le Nord. Ça commençait mal les hostilités, mais heureusement la suite du voyage a prouvé que nous étions tombé sur un bon guide.



Déchargement des poissons fraîchement pêchés. En arrière-plan, l'Île de St-Louis.


Arrivés à St-Louis, nous avons évidemment pu faire un tour en calèche de la ville (pas plus grande que le Vieux-Montréal), voir le village des pêcheurs et admirer les étals de poissons séchant sur la plage. Encore ici, ayant couvert cette ville dans un message antérieur (en février), je ne voudrais pas m'étaler trop longuement sur le sujet.



Coucher de soleil sur la plage de St-Louis


Les Maures sont-ils de bons vivants?


L'étape suivante fut une sortie du Sénégal: nous avions décidé de nous rendre en Mauritanie afin de bivouaquer dans le désert. Suite à la traversée du barrage de Diama qui enjambe le fleuve Sénégal, nous avons mis pied en sol Maure. Il faut bien le dire, il n'y a pas vraiment de différences entre les deux rives: puissamment verdoyant aux abords du fleuve, le sol devient aride après quelques mètres de distance et n'offre aux yeux du visiteur inassouvi que quelques bosquets rabougris, un peu d'herbes jaunes et desséchées et de rares acacias ou tamarisques - la saison des pluies n'a de toute évidence toujours pas débuté ici.



Troupeau de dromadaires surveillé par un nomade et sa chèvre de berger


Toutefois, après avoir dépassé un village Peul (qui est une ethnie fort répandue dans le sud de la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée et le Mali) ainsi qu'un troupeau de dromadaires menés par un mauritanien arabo-berbère, nous sommes arrivés à la lisière du désert: en l'espace de quelques centimètres, la terre aride fait place à des dunes de sable presque blanc. Le 4x4 glissait dans le sable comme sur de la neige jusqu'à ce qu'on se rende à notre campement...bon le campement devait être à une centaine de mètres de la zone simplement aride, et 200 mètres plus loin l'océan baignait cette énorme plage qui s'étendait à perte de vue que ce soit vers le nord, le sud ou l'est. La mer était assez violente (mon frère et moi on a tous les deux failli se disloquer l'épaule en prenant une vague trop forte) et a rejeté le soir de notre bref passage plusieurs méduses, une moitié de baleine, une carcasse noircie de dauphin, un squelette de tortue et quelques cadavres de poisson. Évidemment, ce n'est pas une plage très populaire alors il n'y a pas beaucoup d'entretien...




Campement dans le désert mauritanien. Ma tente est celle de droite.


Trace de mon pied (que vous adorez tant) dans le sable du désert mauritanien

Nomad's land

Ce jour là nous avons eu également la chance d'aller visiter un village de nomades arabo-berbères, qui nous ont accueilli dans leur tente-salon. Les hommes étant partis avec les troupeaux l'accueil fut limité à toutes les femmes du village, qui étaient déjà installées pour regarder la télévision...car tout le monde le sait, les nomades ont une coupole satellite et un lecteur de DVD. Et l'électricité, me direz-vous? C'est pas dans le désert qu'on fait de l'hydroélectricité tout de même? Et non, les villages du sud de la Mauritanie ne sont pas branchés sur le réseau électrique...le truc? Les panneaux solaires. Dans les villages reculés, l'électricité provient généralement du soleil, ce qui est bien pratique le jour mais force à utiliser des grosses piles pour les soirées...Par ailleurs, dîtes-vous que tout le monde a son téléphone portable et que le réseau se rend jusqu'à eux. Y a vraiment pu de frontières!


Enfin, toujours est-il que les femmes du village nous ont invités à prendre le thé à la menthe avec eux, et les trois services s'il vous plaît! Ensuite, après qu'une des femmes aient indiqué son intérêt pour mon frère (qui, malheureusement, a refusé. Faut dire que la dame avait dans les 40 ans alors que mon frère est encore tout jeune, et il ne voulait pas non plus se lancer dans une lutte administrative....S'est ensuivi une séance de négociation vu que les femmes du village font des colliers et des tabatières (pipe comprise) en peau de chèvre, et il faut bien encourager l'industrie locale, puis une partie déchaînée de football avec les jeunes du village.


Équipe nationale mauritanienne de football



Cette soirée là s'est terminée autour d'un couscous mauritanien, dégusté avec les blagues de mauvais goût du guide Mauritanien d'une 50aine d'années, du genre "Quelle est la différence entre une fille de 8 ans et une femme de 28 ans? La fille de 8 ans aime le chocolat, celle de 28 ans aime le chocaulit", racontée évidemment 8 fois chacune pour être sûr qu'on l'ait bien compris, et tout ça sous le regard courroucé de 2 petites souris qui n'attendaient que notre départ pour les tentes pour se repaître des grains de couscous jonchant le sol, fruit de l'incapacité de mon fraternel de verser le couscous intégralement dans son assiette...


Le lendemain, nous avons visité un village mauritanien Peul. Les Peuls ne sont pas des nomages et résident de manière permanente sur leur sol desséché, à l'orée d'un désert de dunes de sable jaune magnifique. Ce fut plus ou moins le même rituel avec le thé et la vente de souvenirs, mais de manière un peu plus froide malheureusement.




Femme Peul chef du village préparant le thé à la menthe pour ses invités (i.e. nous)




Après cette rencontre, nous sommes allés faire un peu de 4x4 dans les dunes (nous sommes assis en arrière d'un espèce de pick-up modifié avec un toit et des bancs de bois sur chaque côté, mais évidemment sans ceintures), où le chauffeur a raté un trou en faisant un jump, ce qui a fait en sorte que nous nous sommes tous assommés à divers endroits et le guide a bien failli tomber en dehors de la voiture! Nous avons ensuite retraversé le fleuve Sénégal pour passer une dernière nuit à St-Louis. Prochaine étape? l'estuaire du Sine Saloum avec ses mangroves, en passant par la ville sainte de Touba.




Centre-ville de Toronto après 19h