Durant les dernières semaines, j'ai eu la chance de prendre un petit deux semaines de vacances afin de visiter mon pays d'adoption. Nous avons pu, mon frère, la Mystérieuse Mademoiselle C. et moi-même, faire le tour de 3 des régions les plus importantes du Sénégal, soit le nord, la région du Sine Saloum et le Sénégal Oriental. Afin de ne pas publier un seul interminable texte, je vous propose (et je dirais même plus, je vous impose) une approche en trois tableaux, chacun focalisant sur une région particulière du Sénégal (ou, dans le cas du premier, de la Mauritanie également) et ce, dans l'ordre chronologique de nos pérégrinations sur ces terres d'Afrique.
De Dakar à la Mauritanie en passant par St-Louis.
Lac Rose et St-Louis
Nous partâmes donc de bon matin lundi le 25 juin vers notre première étape, soit le Lac Rose, ce lac alimenté par l'océan et dont la concentration de sel est à saturation, tout comme la Mer Morte, et où les mineurs (ou pêcheurs?) de sel travaillent immergés jusqu'à la taille, brisant à l'aide d'une perche l'épaisse croûte de sel qui recouvre le fond du lac, et dont je vous ai déjà entretenus dans un message antérieur. Mes compagnons de voyage ont pu profiter longuement des propriétés de cette eau très dense, et se laisser flotter comme des bouchons de liège. Personnellement, mon passage dans cette eau a été très bref vu l'état lamentable de mon fessard, qui a eu à subir les attaques intempestives de papier de mauvaise qualité durant la presque totalité de la dernière année. Disons que la sensation du sel sur une peau irritée est très peu agréable, et m'empêchait presque de m'asseoir sur les confortables bancs de bois sur la berge du lac.
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Barques de pêcheurs de sel au Lac Rose
Cette escale fut relativement courte, et après le lunch nous prîmes le départ vers St-Louis. Nous ne fûmes que ralentis par le fait que notre guide n'avait pas reçu l'argent nécessaire pour payer les hôtels et les repas (à la charge de l'agence de voyage avec laquelle j'ai fait affaires), ce qui s'est traduit par 1h d'attente sur le bord de l'autoroute, à Rufisque (situé à la sortie de la presqu'île du Cap-Vert qui recèle Dakar). Vu le trafic et l'état lamentable général des voitures qui la constitue, nous eûmes le bonheur de respirer une dernière bouffée de divers gazs avant de repartir vers le Nord. Ça commençait mal les hostilités, mais heureusement la suite du voyage a prouvé que nous étions tombé sur un bon guide.
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Déchargement des poissons fraîchement pêchés. En arrière-plan, l'Île de St-Louis.
Arrivés à St-Louis, nous avons évidemment pu faire un tour en calèche de la ville (pas plus grande que le Vieux-Montréal), voir le village des pêcheurs et admirer les étals de poissons séchant sur la plage. Encore ici, ayant couvert cette ville dans un message antérieur (en février), je ne voudrais pas m'étaler trop longuement sur le sujet.
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Coucher de soleil sur la plage de St-Louis
Les Maures sont-ils de bons vivants?
L'étape suivante fut une sortie du Sénégal: nous avions décidé de nous rendre en Mauritanie afin de bivouaquer dans le désert. Suite à la traversée du barrage de Diama qui enjambe le fleuve Sénégal, nous avons mis pied en sol Maure. Il faut bien le dire, il n'y a pas vraiment de différences entre les deux rives: puissamment verdoyant aux abords du fleuve, le sol devient aride après quelques mètres de distance et n'offre aux yeux du visiteur inassouvi que quelques bosquets rabougris, un peu d'herbes jaunes et desséchées et de rares acacias ou tamarisques - la saison des pluies n'a de toute évidence toujours pas débuté ici.
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Troupeau de dromadaires surveillé par un nomade et sa chèvre de berger
Toutefois, après avoir dépassé un village Peul (qui est une ethnie fort répandue dans le sud de la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée et le Mali) ainsi qu'un troupeau de dromadaires menés par un mauritanien arabo-berbère, nous sommes arrivés à la lisière du désert: en l'espace de quelques centimètres, la terre aride fait place à des dunes de sable presque blanc. Le 4x4 glissait dans le sable comme sur de la neige jusqu'à ce qu'on se rende à notre campement...bon le campement devait être à une centaine de mètres de la zone simplement aride, et 200 mètres plus loin l'océan baignait cette énorme plage qui s'étendait à perte de vue que ce soit vers le nord, le sud ou l'est. La mer était assez violente (mon frère et moi on a tous les deux failli se disloquer l'épaule en prenant une vague trop forte) et a rejeté le soir de notre bref passage plusieurs méduses, une moitié de baleine, une carcasse noircie de dauphin, un squelette de tortue et quelques cadavres de poisson. Évidemment, ce n'est pas une plage très populaire alors il n'y a pas beaucoup d'entretien...
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Campement dans le désert mauritanien. Ma tente est celle de droite.
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Trace de mon pied (que vous adorez tant) dans le sable du désert mauritanien
Nomad's landCe jour là nous avons eu également la chance d'aller visiter un village de nomades arabo-berbères, qui nous ont accueilli dans leur tente-salon. Les hommes étant partis avec les troupeaux l'accueil fut limité à toutes les femmes du village, qui étaient déjà installées pour regarder la télévision...car tout le monde le sait, les nomades ont une coupole satellite et un lecteur de DVD. Et l'électricité, me direz-vous? C'est pas dans le désert qu'on fait de l'hydroélectricité tout de même? Et non, les villages du sud de la Mauritanie ne sont pas branchés sur le réseau électrique...le truc? Les panneaux solaires. Dans les villages reculés, l'électricité provient généralement du soleil, ce qui est bien pratique le jour mais force à utiliser des grosses piles pour les soirées...Par ailleurs, dîtes-vous que tout le monde a son téléphone portable et que le réseau se rend jusqu'à eux. Y a vraiment pu de frontières!
Enfin, toujours est-il que les femmes du village nous ont invités à prendre le thé à la menthe avec eux, et les trois services s'il vous plaît! Ensuite, après qu'une des femmes aient indiqué son intérêt pour mon frère (qui, malheureusement, a refusé. Faut dire que la dame avait dans les 40 ans alors que mon frère est encore tout jeune, et il ne voulait pas non plus se lancer dans une lutte administrative....S'est ensuivi une séance de négociation vu que les femmes du village font des colliers et des tabatières (pipe comprise) en peau de chèvre, et il faut bien encourager l'industrie locale, puis une partie déchaînée de football avec les jeunes du village.
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Équipe nationale mauritanienne de football
Cette soirée là s'est terminée autour d'un couscous mauritanien, dégusté avec les blagues de mauvais goût du guide Mauritanien d'une 50aine d'années, du genre "Quelle est la différence entre une fille de 8 ans et une femme de 28 ans? La fille de 8 ans aime le chocolat, celle de 28 ans aime le chocaulit", racontée évidemment 8 fois chacune pour être sûr qu'on l'ait bien compris, et tout ça sous le regard courroucé de 2 petites souris qui n'attendaient que notre départ pour les tentes pour se repaître des grains de couscous jonchant le sol, fruit de l'incapacité de mon fraternel de verser le couscous intégralement dans son assiette...
Le lendemain, nous avons visité un village mauritanien Peul. Les Peuls ne sont pas des nomages et résident de manière permanente sur leur sol desséché, à l'orée d'un désert de dunes de sable jaune magnifique. Ce fut plus ou moins le même rituel avec le thé et la vente de souvenirs, mais de manière un peu plus froide malheureusement.
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Femme Peul chef du village préparant le thé à la menthe pour ses invités (i.e. nous)
Après cette rencontre, nous sommes allés faire un peu de 4x4 dans les dunes (nous sommes assis en arrière d'un espèce de pick-up modifié avec un toit et des bancs de bois sur chaque côté, mais évidemment sans ceintures), où le chauffeur a raté un trou en faisant un jump, ce qui a fait en sorte que nous nous sommes tous assommés à divers endroits et le guide a bien failli tomber en dehors de la voiture! Nous avons ensuite retraversé le fleuve Sénégal pour passer une dernière nuit à St-Louis. Prochaine étape? l'estuaire du Sine Saloum avec ses mangroves, en passant par la ville sainte de Touba.
Centre-ville de Toronto après 19h