Rue de Dakar, vu du toit du bureau.
Le tas qui bloque la moitié de la rue, c'est du sable pour faire du ciment.
Comme j'ai procédé à l'acquisition d'une cafetière de projet (attention, elle produit 2 tasses à la fois! Le luxe, pour 60$...et c'était la moins cher, le modèle suivant étant à 100$) je peux maintenant me permettre de prendre un peu de caféine question de passer au travers de la journée. J'ouvre les fenêtres, évidemment, pour profiter de l'air qui est encore relativement frais - d'ici 2 mois la température va grimper suffisamment pour justifier l'utilisation de la climatisation, et 2 mois plus tard je vais devoir me traîner une serviette pour m'éponger - le bureau sera alors invivable jusqu'à ce que la clim ne prenne sa vitesse de croisière.
Photo de mon bureau et sa multitude de chaises.
On peut voir, au fond à droite la fière cafetière de projet.
Je passe au travers de ma journée en travaillant sur mon ordinateur, espérant que mon staff local fasse de même. Que nenni! Rien ne se fera si ce n'est pas moi qui est sur le clavier. Dur dur d'avancer tous les dossiers quand on ne peut pas déléguer à son équipe avec un infime espoir que le travail se fasse. Au moins, du côté de l'informatique les choses avancent tant à Montréal qu'à Dakar. Je râle donc parfois devant mon écran, tandis que dehors un mouton bêle devant une mini botte de foin. À chacun son quotidien. J'espère encore que les choses se placent, après un an...
Je vogue aussi de réunion en réunion, où tout se discute avec aplomb, prenant les résolutions les plus fermes mais où elles ne sont généralement pas suivies de résultat. C'est en étant dans un système bureaucratique français (avec en plus, probablement, un peu de modifications) qu'on se rend compte à quel point c'est lourd, et que personne ne veut prendre de décision afin de ne pas devoir en porter l'odieuse responsabilité.
Durant une pause, j'en profite pour parcourir le journal rapidement afin de connaître les résultats des élections et ses contre-coups. Wade, le président sortant, est réélu sans surprise mis à part le taux élevé - 57% au premier tour, alors qu'il y a 15 candidats. Son plus proche rival a moins de 15% des votes. Au moins, les élections ont eu lieu dans le calme sauf dans quelques bureaux de scrutins, et la sortie des résultats ne s'est pas accompagné d'émeute ou de manifestations. Certes, certains candidats ont bien indiqué leurs doutes quant au résultat, mais la population semble accepter son propre verdict.
De son côté, ma collègue qui vit son baptème africain, s'acclimate tranquillement à son nouveau milieu qu'elle trouve cependant chaud (non non, moi je trouve qu'il fait frais. Ha oui c'est vrai, d'où tu viens il faisait -20 il y a 5 jours) et qui sent l'essence (ha? Je ne m'en rends plus compte).
Petite gargote à ciel ouvert où les gens peuvent déjeuner
et prendre l'Ataya, le fameux thé à la menthe sénégalais.
Après le travail, retour à l'appart pour chatter un peu avec les collègues et les amis, puis on décolle vers les 20h pour aller souper. Ce soir, ce sera de l'Italien! Lundi, nous avons rencontré deux Québécois qui se sont réfugiés à Dakar pour 10 jours. Ils avaient quitté la ville de Kamsar, en Guinée, pour passer le weekend à Conakry (capitale du même pays)...le destin en avait décidé autrement! Ils ont dû évacuer la ville sous le feu nourri de soldats debouts sur le camion dans lequel ils ont été amenés à l'aéroport, où ils ont pu prendre un avion pour Banjul, en Gambie, puis un bateau pour Dakar. Au moins, les tirs n'étaient pas dirigés vers eux, mais les balles perdues s'en foutent toujours un peu, alors valait mieux évacuer. Apparemment, ils ont rempli l'avion tellement rapidement qu'ils ont fermé la porte alors que des gens étaient debouts sur l'escalier qui y menaient. Une dame qui avait pourtant donné 200$ pour corrompre un membre de l'équipe de sol a d'ailleurs dû attendre le vol suivant. Comme quoi le crime ne paie pas toujours. Fait cocasse, au restaurant italien tout le monde a pris des pâtes Thaï...même leurs épouses, deux guinéennes au demeurant charmantes. Le calme étant revenu, ils repartaient aujourd'hui même pour Conakry.
Retour à la maison vers les 23h...un peu de lecture et hop! au lit. Le lendemain sera une journée de menus plaisirs et de légères frustration, comme d'habitude, au son à demi-hypnotique des appels à la prière.
On repeinture les façades, les travailleurs attachés
avec une corde simple autour de la taille.